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Déposer Saddam, désarmer l’Irak, puis partir

vendredi 18 avril 2003

une femme est battue par son mari et les voisins, se sentant concernés, ont demandé à la police d’intervenir. Les flics sont venus à la rescousse de la femme abusée. Ils ont arrêté le mari violent, et s’apprêtaient à le mettre en prison. À la surprise des flics, la femme courroucée les a attaqués, réclamant la libération de son mari, et a refusé de déposer une plainte à son encontre. Les flics fulminaient à l’encontre de cette femme ingrate, en se plaignant, « qu’elle ne voulait pas être sauvée ».

L’épouse abusée, semble-t-il, accorde une valeur maximale à la solidification des fondations de son mariage et elle s’est vue comme la protectrice de sa famille à l’encontre de ces policiers « intrus ». De la même manière, de nombreux irakiens méprisent Saddam Hussein et le gouvernement brutal du parti Baas, mais leur sens de l’identité collective est violé lorsque des étrangers essaient de les « libérer ».

Il n’y a pas de doute sur le fait que la terreur du régime irakien peut expliquer en partie pourquoi les chiites de Basra et d’autres parties du sud de l’Irak ne se rebellent pas contre Saddam. Et il est vrai aussi que les forces militaires irakiennes se battent plus furieusement que prévu parce que leurs officiers ont pointé un canon sur leurs tempes.

Les menaces et la terreur ont aussi été les outils utilisés par Staline et le régime soviétique pour obtenir de la part de ses soldats de combattre contre l’invasion germanique durant la deuxième guerre mondiale. Mais personne ne niera que les soldats russes, pour beaucoup détestés par la nomenklatura communiste, se sont battus bravement à Stalingrad et ailleurs, essentiellement motivés par leur volonté de défendre leur Mère Russie bien-aimée contre les agresseurs allemands détestés.

Jusqu’à présent la plupart des hommes politiques et intellectuels américains qui ont guidé la décision d’envahir l’Irak semblent avoir eu l’espoir secret que de nombreux irakiens allaient les regarder comme des agents de la liberté et de la démocratie. D’où les attentes d’une libération rapide du sud de l’Irak et l’espoir que le régime de Bagdad s’écroule de lui-même du fait de la pression interne des irakiens eux-mêmes. Au lieu de cela, la résistance continue des soldats et des civils, et les attaques des guérillas, et les terroristes suicidaires, accroissent les soucis d’une occupation qui traîne en longueur.

Bien évidemment, nous serions enchantés si l’Irak, ou même le Tadjikistan, l’Angola et aussi, oui, la Chine, se transformaient en démocratie de style américain. Nous encouragerions certainement ce processus en les aidant, au même titre que les autres pays qui s’intégreraient dans l’économie globale et le commerce avec les États-Unis et les pays développés — un processus qui a souvent amené l’avènement d’une classe moyenne libérale et pro-démocrate. Encourager l’expansion de la société civile de ces pays est aussi un but important. Mais un tel processus est bien plus efficace lorsqu’il est effectué par des groupes privés et des individus, que lorsqu’il l’est par le gouvernement américain.

En dépit des essais d’exporter la démocratie à travers l’usage de la force militaire, l’administration Bush se concentre uniquement sur les aires où les intérêts américains sont en jeu : destituer Saddam Hussein est désarmer l’Irak de ses prétendues armes de destruction massive. Le retrait des troupes américaines d’Irak ne doit pas être conditionné à l’introduction de la démocratie en Irak, mais par l’accord qu’un gouvernement irakien, ou que des gouvernements, ne feront pas du tort aux intérêts américains, comme par exemple en versant des aides aux groupes terroristes anti-occidentaux.

Le reste doit être laissé au peuple irakien, qui doit décider de son sort. Il peut se libérer lui-même. C’est ce qu’il veut.


Traduction par Copeau.

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