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la légalisation de la prostitution

vendredi 18 avril 2008

« Over himself, over his own body and mind the individual is sovereign » (John Stuart Mill, On Liberty)

Les prostituees ont ete considerees de differentes manieres au cours de l’histoire. Sous la Grece Antique, ls prostituees faisaient partie integrante des rites religieux. Sous la France de l’Ancien Regime et sous Napoleon, les courtisanes etaient des femmes bien elevees et cultivees. Elles n’etaient pas simplement tolerees : elles etaient veritablement respectees. Les temps ne sont bien evidemment plus les memes, mais il est interessant de faire cette petite precision historique.

En France, c’est Francoise de Panafieu qui a involontairement relance le debat sur la liceite ou non de la prostitution.

Cela partait pourtant d’une bonne intention puisque notre deputee fraichement reelue proposait d’autoriser la reouverture des maisons closes, disparues peu apres la guerre, en 1946.

Malheureusement la polemique a enfle les jours derniers. Avec l’arrivee massive des filles de l’Est, le marche de la prostitution prend un nouveau visage qui amene les gouvernements europeens a reflechir sur le plus vieux metier du monde. Et les medias se font le relais des differentes experiences menees en Europe au cours de ces dernieres annees.

L’exemple le plus aberrant est celui de la Suede. Ce pays scandinave sans histoire sanctionne penalement depuis quelques mois les clients des peripateticiennes et sert d’exemple a la cause anti-prostitution. Mesure hypocrite puisque desormais celle-ci s’organise differement. Il en decoule une prostitution plus cachee, en appartement. De plus, qu’est ce qui justifie la criminalisation du client ? Celui-ci est il coupable d’une faute ? L’acte sexuel s’est il effectue sous la contrainte ? Que nenni.
Afin de justifier la mise en place de cette mesure , Margaretha Wimberg, le ministre suedois de l’egalite des sexes declare que "traiter une personne comme une marchandise, meme avec son consentement, est un crime". C’est la qu’est le noeud du probleme. Qu’importe la maniere dont on me considere, je m’en moque. Le plus important , c’est justement de decider ce qui est le mieux pour moi. Le crime c’est de se voir imposer une morale contre son propre gre.

En Allemagne pourtant, et cela passe inapercu, une loi votee en decembre dernier a normalise la prostitution comme un metier en tant que tel, soumis a l’impot et autres cotisations sociales. Le Figaro note ainsi que "l’Etat allemand, perclus de deficits, a jete un regard concupiscent sur les enormes revenus du milieu, estimes a quelques 6 milliards d’euros par an, autant que les grosses entreprises du pays". Au placard donc la pseudo morale visant hypocritement a rendre illicite le metier le plus vieux du monde. L’Etat oublie soudainement la "morale publique" lorsque cela est dans son interet.

Un grand pas en avant a cependant ete acompli. Le debat porte de moins en moins sur la moralite mais sur le caractere ethique : la prostitution est elle une forme d’exploitation qui doit etre abolie ou une activite qu’il faut reglementer ?

La reponse est ni l’un, ni l’autre. C’est une liberalisation qui est necessaire. Il ne sert tout d’abord a rien de reglementer des "bordels legaux". Les prostitues n’ont pas besoin qu’on les oblige a subir ce type de controles. Elles se soumettent d’elles-memes a des visites medicales en vertu des regles de libre-concurrence. La liberalisation, et ne serait-ce que la legalisation de la prostitution, permettrait une amelioration de la condition des prostitues : plus d’hygiene, moins de traffic de femmes et d’enfants qui se prostituent par contrainte, et plus de securite car cela peut se faire dans un endroit clos et surveille (les maisons closes). Le proxenete, qui est dans la majorite des cas la cause des problemes rencontrees par les prostituees disparaitrait ainsi progressivement pour laisser sa place a des entreprises privees fonctionnant comme toutes les autres.

Mais avant tout, chacun est libre de faire ce qu’il veut avec son propre corps. Personne n’est en mesure de juger a la place d’autrui, et chaque individu possede des droits moraux propres sur son propre corps et sur l’exercice de celui-ci. C’est le "self ownership" qui doit prevaloir. Ce dernier est d’ailleurs le principe premier du liberalisme : la propriete privee commence par la propriete de soi.

Les differents arguments visant a justifier la liberalisation de la prostitution ne font pas fi des conditions souvent de desolation dans lesquelles cette activite a lieu ; ils ne justifient en rien

La ligne de partage repose sur la distinctin entre la prostitution libre, revendiquee par les travailleuses sexuelles, et la prostitution forcee, ou contrainte.
Il est evident qu’une petite Thailandaise de 13 ans qui officie dans un bordel a Pattaya en risquant d’etre contamine par le virus du SIDA, n’est en rien consentante. C’est a l’encontre de cette atteinte a la liberte individuelle que devraient plutot lutter les differentes associations abolitionistes.

Car le plus inacceptable n’est pas de definir ce qui est moral ou non ; le plus inacceptable c’est bel et bien la negation et la confiscation des libertes individuelles.

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