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Le lobby cinématographique

dimanche 18 avril 2004

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Prendre les devants pour éviter une grave crise du financement du cinéma français.

On annonce tout de suite la couleur : CRISE EN VUE. Pourquoi, au fait ? Je m’interroge. Le cinéma français étant une machine à recycler de l’argent au profit de la clientèle du régime, ledit argent étant volé au contribuable, comment une crise financière serait-elle possible ? Je ne vois que deux possibilités : les films américains sont de plus en plus mauvais, les gens ne vont plus les voir, or chaque fois qu’ils vont voir un film américain une dîme est prélevée par la clique du cinéma français. Ce qui explique d’ailleurs pourquoi notre intelligentsia ne jure que par Eastwood, Stallone, et autres. Deuxième possibilité : les gens ne supportent plus le lavage de cerveau gauchiste de Canal Moins, ils rendent leur carte du Parti, et comme ladite chaîne reverse au lobby kulturel une part des rentes que lui confèrent ses privilèges, son déclin entraîne irrémédiablement celui de la taille du gâteau à se partager entre défenseurs autoproclamés de l’identité nationale en péril.

Auquel cas je leur conseille vivement de changer leur fusil d’épaule et d’asseoir leur entreprise de détournement d’argent public doublé de lavage de cerveau sur des recettes fiscales stables, par exemple la TIPP ou la CSG. Oui, à quand la Contribution Cinématographique Généralisée, puisqu’en EFG le Cinéma c’est aussi important que le Social, et que les petits HCGs dociles vont renforcer leurs certitudes éternelles dans les salles obscures, pour y voir Juliette Godemiche hésiter sur son identité sexuelle tandis qu’un couple se déchire entre le Quai des Augustins et la Rue Bonaparte ?

A moins que ce petit milieu n’ait décidé de traire un peu plus la vache à lait, et que pour lui faire avaler la pilule il faille inventer quelque "crise", quelque "état d’urgence", quelque G.W.B. prêt à larger, du haut de ses B-52, des poupées gonflables à l’effigie de Sharon Stone, un hamburger dans la main droite et la bannière étoilée dans la main gauche.
Citation :
Jean-Jacques Aillagon, le ministre de la Culture et de la Communication a présenté cette semaine au gouvernement sa réforme du financement du cinéma français. Elle repose sur la volonté de diversifier les sources de financement du septième art mais sur la rénovation des mécanismes actuels.

Contribuables dites-vous que quand on vous prend votre argent c’est pour construire, donc pour rénover. Mobutu ne faisait pas autrement lorqu’il s’agissait de construire sa maison, rénover sa façade, ou renouveler sa Mercedes.
Citation :
Le secteur de la vidéo mais aussi les régions sont désormais mis à contribution et relaieront le financement issu des télévisions.

Contribuables, vous voilà rassurés. Ce n’est pas vous qu’on ponctionne mais "le secteur de la vidéo" et "les régions". J’ai des crampes à force de rigoler. Le Figaro Economie aurait-il la bonté de nous rappeler dans une note de bas de page d’où vient l’argent du "secteur de la vidéo" et "des régions" ?
Citation :
Le gouvernement, qui relève qu’« un nombre croissant de producteurs et de distributeurs indépendants rencontrent des difficultés financières », anticipe notamment « l’évolution de Canal , acteur majeur du financement du cinéma français, dont la croissance des investissements ces dernières années a incontestablement entraîné l’inflation de certains coûts. »

En d’autres termes : les politiques économiques débiles, des 35 heures à la gestion démagogique de la protection sociale estampillée CGT, en passant par l’encouragement à la retraîte à 42 ans et les viaducs du 1er mai au 15 juin, foutent en l’air les agences de voyage, les entreprises de construction, les hôtels, les hôpitaux, le textile, l’électronique, la chimie, le secteur public, bref l’économie française, mais il est hors de question de remettre en cause ces politiques débiles, elles sont une longue tradition et participent donc elles-mêmes de l’exception culturelle ; en revanche il est inacceptable que les montages, doublages, génériques, que sais-je encore, soient faits en Roumanie, ça serait une menace pour l"identité nationale, donc subventionnons, distribuons nos petits cadeaux, et la chimie, l’électronique, l’hôtellerie peuvent bien crever, mais Français je vous le dis : LE MONTAGE ROUMAIN NE PASSERA PAS. Juliette Godemiche remastérisée en Roumanie, non, décidément on ne peut pas, ça ne serait plus authentiquement Francitudinesque !

Quant à Canal -, elle mérite indiscutablement toutes nos félicitations. Alors que les abruties d’entreprises normales investissent pour réduire leurs coûts (elles n’ont rien compris, visiblement), Canal Moins a tout compris et investit pour AUGMENTER SES COUTS. L’EFG a sa Novlangue, sa propre espèce l’HCG, et sa propre logique économique qui consiste à accroître les coûts autant que possible.

Elémentaire, mon cher Watson. Puisque le coût c’est l’argent qui va dans la poche des "artistes", "professionnels de la culture" et autres "intermittents", et qu’il y aura toujours un Etat bienveillant et paternaliste et un Figaro sorti tout droit des cellules de réflexion centristoïdes de l’UMP pour nous expliquer que ces coûts, on doit les éponger, parce que la Kulture Française est en crise et que les cow-boys en chemise à carreaux nous attendent au tournant pour lui tordre le cou !

Citation :
C’est aussi l’occasion pour le ministre de la Culture et de la Communication de rappeler « le rôle central » de la télévision. Rôle qui « peut cependant constituer à terme une menace pour la diversité de la création ».

Décidément, la convergence phénotypique de l’Homo Collectivus Gallus avec celle de son cousin bipède le Shadok est fascinante. La télévision nuit au film, tout comme l’imprimerie nuit aux livres, les tubes de dentifrice nuisent au dentifrice et les routes nuisent aux automobiles. Bravo, quelle espèce passionante à observer, profitons-en avant son extinction qui ne saurait trop tarder, vu comme les choses se présentent...
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A prendre en compte également « la baisse régulière de l’audience des films de cinéma à la télévision ».

Et est-ce que cette baisse régulière ne proviendrait-pas de la hausse des quotas de films français ainsi que des progrès de certains supports qui permettent aux braves pékins de regarder ce qui leur plaît sans que le Commissaire Politique au Kulturkampf ne vienne fourrer son nez dans ses affaires ? Vous allez me dire que c’est de la logique d’Homo Sapiens, espèce rarissime dans l’EFG.

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Dans sa communication au gouvernement, Jean-Jacques Aillagon a également souligné le cas des « industries techniques, qui souffrent très durement des difficultés de leurs clients et des délocalisations croissantes ».

En début d’année, le gouvernement avait annoncé l’alignement des modalités de perception de la taxe vidéo sur celles en vigueur sur les entrées en salles en décidant de porter son assiette sur le prix public, le taux restant inchangé.

Un grand pas en avant vers la Contribution Cinématographique Généralisée. Puisque le Cinéma Français est un droit imprescriptible de la personne humaine inscrit au préambule de la constitution, je conseille vivement à nos ingénieurs sociaux de mettre au placard leurs constructions financières tordues et de transformer les cinéastes purement et simplement en fonctionnaires. On passerait un concours et on progresserait lentement mais sûrement dans l’échelle indiciaire. On aurait un budget pour faire des films. Les cinéastes qui ne feraient pas de films seraient mal notés par leur supérieur, mais les syndicats les défendraient assez pour qu’ils ne soient jamais contraints de faire des films. Il y aurait des grades : Cinéaste de première classe, de seconde classe, cinéaste divisionnaire, cinéaste en chef, cinéaste général, inspecteur général du cinéma. Les cinéastes pourraient demander leur mutation et la décision serait prise en fonction de leurs besoins et de leur ancienneté. Au bout du compte, ça économiserait pas mal de fric, les salaires des cinéastes seraient ramenés à ceux des autres fonctionnaires, par exemple les attachés d’administration centrale. En tant que fonctionnaires ils ne seraient jamais au chômage, donc pas intermittents du spectacle, ça économiserait plein de fric à l’UNEDIC. Les films ne seraient pas plus mauvais, ce seraient sans doute les mêmes. On pourrait même les laisser cumuler leurs revenus en allant faire des films dans le privé, s’il n’est pas subventionné ça ne coûterait pas un rond à la collectivité.
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En échange les pouvoirs publics français se sont engagés à défendre au niveau de la Commission européenne une éventuelle baisse de la TVA. Par ailleurs, « les éditeurs vidéo et les producteurs doivent être incités à valoriser au mieux le potentiel des films français ».

Ainsi « le marché de la vidéo doit être incité à participer dès l’amont au financement des films français ». C’est pourquoi, « les aides sélectives à la vidéo seront recentrées sur les films pour lesquels l’intérêt culturel et le risque commercial sont les plus évidents ». De même, « l’édition de courts-métrages en vidéo sera tout particulièrement encouragée ».

Ca tombe bien, je note un manque certain de courts-métrages en vidéo, et une forte aspiration au court-métrage vidéo chez les jeunes. Noter également que l’intérêt culturel est synomyme de risque commercial, c’est à dire de l’absence a priori de public potentiel. Belle conquête de l’EFG que d’attribuer d’autant plus de valeur à une oeuvre que son public est restreint, vous avez dit démocratie ? Aux crétins qui pensent que la culture c’est "Autant en emporte le vent", apprenez que vous avez tout faux, la culture c’est le cunnilinctus en gros plans dans les appartements de la rive gauche, à condition que ce soit suffisamment prétentieux et indigent pour n’intéresser personne, sinon Marc Dorcel viendra lui aussi demander des subventions !

La culture, c’est ce que tout le monde paye et qui n’intéresse personne.
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Autre pan de mesures, la participation des collectivités locales à la production cinématographique.

Ah, ces chers conseils généraux, de véritables pères noëls. On savait déjà qu’ils nous abritent, qu’ils offrent des dictionnaires à nos enfants, et voilà qu’ils nous divertissent.

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« L’Etat, à travers le compte de soutien du CNC, encouragera ces initiatives en abondant les fonds apportés par les collectivités locales, dans la limite maximale d’un plafond de 10 MÛ au niveau national », a promis la Rue de Valois.

Par ailleurs, le gouvernement réfléchit à la mise en place d’aides fiscales qui pourraient remplacer le système désuet et compliqué des Sofica et qui auraient l’avantage de protéger la localisation des tournages en France.

Qu’on se le dise, la culture française c’est le tournage en France, et un spot publicitaire pour Marlboro tourné à Billancourt participe plus à la culture Française qu’une reconstitution hollywoodienne des misérables, ou qu’une dramatique tirée d’Anouilh tournée en Tunisie.
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Une disposition qui sera proposée dans la prochaine loi de finances.

Mais c’est aussi l’exportation de films français qui soucie le gouvernement. Ainsi « un dispositif de garantie de l’escompte des recettes collectées à l’exportation sera mis en place sous l’égide de l’Institut de financement des industries culturelles (Ifcic) ».

Pas l’ombre d’une inquiétude sur le fait que si "l’exportation soucie...", c’est peut-être parce que les étrangers savent à quoi s’en tenir sur la qualité de nos films et n’ont nulle envie de les voir. Mais tout espoir n’est pas perdu, on peut envisager de subventionner le prix des entrées à 100 %, voire d’offrir une prime de, mettons, 10 Euros à chaque spectateur étranger de film français. Je suis certain que ça ferait beaucoup pour la promotion de notre belle culture.

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Enfin, un effort particulier devrait être consenti en faveur de l’avance sur recette dont les moyens augmenteront de 10%. De même l’aide au développement sera-t-elle doublée pour se situer à 3 millions d’euros.

Admirez la prolifération de ces mécanismes d’aide tous azimuts, histoire de nous décourager de prendre une calculette et de trouver le montant total de l’ADDITION. Technique vielle comme Hérode.
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Les industries techniques de l’audiovisuel et du cinéma ont aussi bénéficié de l’oreille attentive des pouvoirs publics. Subissant une crise sans précédent du fait des difficultés de la production indépendante, elles doivent également faire face à la concurrence des pays d’Europe de l’Est ou du Maghreb qui offrent des tournages à moindre prix.

Pour faire face à cette situation, l’Etat envisage plusieurs solutions et notamment la possibilité d’avoir recours à « des dispositifs en vigueur ouverts aux entreprises en graves difficultés financières ».

Ce qui n’empêche pas le même gouvernement d’être un chaud partisan, de l’entrée des pays de l’Est en question dans l’U.E., tellement chaud qu’il ne nous a même pas demandé notre avis, et qu’il s’asseoit sur le fait que toute discrimination contre les tournages Polonais sera rapidement ILLEGALE. Il est vrai que le gouvernement de l’EFG s’asseoit traditionnellement sur l’Acte Unique Européen et les directives afférentes, ainsi d’ailleurs en général sur tout ce qu’il a signé et déclaré, et si les Bureaucrates Bruxellois ne sont pas contents, qu’ils y viennent !
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De même le gouvernement se propose-t-il « d’élargir aux industries techniques le champ des entreprises que les collectivités locales peuvent décider d’exonérer de taxe professionnelle, à l’instar de ce qui existe déjà sur certaines catégories de salles de cinéma ».

Cet ensemble de dispositions négocié et discuté depuis de longs mois avec les professionnels du cinéma intervient alors même que le président Jacques Chirac prend fait et cause pour le septième art.

Ca doit être un immense plaisir de négocier avec un type de l’argent qu’on va lui donner, quand cet argent est celui de QUELQU’UN D’AUTRE. Surout quand on est Guide Suprême à Vie de l’EFG spécialiste des Causes Perdues, des dissolutions intempestives au droit imprescriptible des dictateurs, en passant par la conservation des lambeaux de la culture francaouie anémiée par des décennies d’étatisation, de fonctionnarisation, de risque zéro et d’instrumentalisation à des fins de propagande.

Citation :
A l’occasion de sa rencontre, lundi dernier avec les équipes des films français sélectionnés pour le Festival de Cannes, ce dernier a renouvelé « sa détermination et celle du gouvernement à soutenir et à défendre » ce secteur.

AMEN.

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