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Monnaie et banque - théorie monétaire

mardi 22 avril 2008

INTRODUCTION

L’économie autrichienne connaît un parcours singulier. Elle apparaît à partir des années 1870 avec Menger et se prolonge à la fin du XIXème siècle avec Wieser et Böhm-Bawerk. Mises et Hayek sont les représentants contemporains les plus connus de ce courant aujourd’hui. Avec la révolution keynésienne, les économistes autrichiens connaîtront une longue éclipse jusqu’à la décennie 1970.

De plus, elle s’éloigne de la théorie économique dominante (Néoclassique, Keynésien) et soutient des axiomes économiques différents des autres courants. D’abord, la valeur est subjective. Ensuite, l’ignorance est une composante de toute action humaine et le déséquilibre est l’état naturel de toute économie. Finalement, l’entrepreneur est l’agent actif coordinateur dans l’économie.

La monnaie, liée aux échanges, est au centre de l’économie et donc de la théorie autrichienne. Pour Mises, la monnaie est une institution du marche fondée sur la propriété privée. Le contrat est à la base de la création de la monnaie. Or, la monnaie du fait de ses effets perturbateurs prive les contrats de la plupart de leurs vertus car la variation des prix nominaux déjoue les anticipations des individus.

L’individu est la seule réalité économique, il est celui qui agit. L’action donne la notion de temps puisque l’action est toujours dirigée vers l’avenir. L’incertitude due à l’ignorance du futur est donc partie intégrante de l’action : agir, c’est spéculer. Pour le praxéologue, théoricien de l’action humaine, la science économique ne part pas de l’observation expérimentale et sa validité ne peut être teste empiriquement. En partant de l’action humaine, la praxéologie se veut aprioritique. Elle élabore une théorie de la valeur subjective qui concerne la théorie monétaire.

De plus, la valeur n’est pas intrinsèque, elle est en nous et non dans l’objet. Toute mesure de la valeur est donc vaine : évaluer c’est préférer A à B. Mises en tire une conséquence c’est à dire l’impossibilité d’un véritable étalon monétaire, le pouvoir d’achat de la monnaie ne varie jamais dans la même proportion pour tous les biens. Partir de l’homme, c’est insister sur les choix qui varient et de conclure à l’impossibilité de toute évaluation en économie et par conséquent à l’inexistence de étalon monétaire.

Les conclusions de la théorie autrichienne sur le rôle de l’état montre que la planification centralisée ne peut remplacer le marche pour la simple raison que les planificateurs auraient besoins d’information que seul le marche peut produire. Les préférences subjectives et les coûts des choses qui en découlent sont à jamais inaccessibles à l’état. La concurrence s’autorégule même dans des situations de monopoles de facto. Si les marches allouent mieux les ressources que l’état, alors pourquoi en est-il autrement à propos de la monnaie et du secteur qui la produit, l’industrie bancaire ? Est-ce une exception à la règle générale ? Voila l’objet de ce mémoire. En analysant la théorie autrichienne nous montreront que la monnaie est un bien différent mais dont la régulation appartient au marche et non à l’état sous peine de graves crises économiques.

Nous verrons donc dans une première partie la théorie monétaire autrichienne qui nous permettra dans une seconde partie de démontrer que le seul système bancaire compatible avec cette théorie est la banque libre.

1ère Partie Théorie monétaire

I) La monnaie : fondement et renouvellement

A) Les concepts

L’école autrichienne part du troc comme de nombreux autres courants économiques et arrive à l’échange indirect. Mais la plupart des économistes se sont trompés en superposant la monnaie à l’analyse du troc car ils supposent que la monnaie est neutre : il n’existe pas alors de distinction entre l’échange direct et indirect.

Si un individu ne peut acheter à un moment donné ce dont il a besoin directement, il peut utiliser un moyen intermédiaire pour se rapprocher de son but en échangeant un bien peu négociable contre un autre bien qui l’est plus. L’instrument d’échange n’est donc pas désiré pour lui même mais pour être échanger dans le futur, c’est à dire pour sa fonction d’intermédiaire des échanges. Dans la réalité, les termes de l’échange se modifient continuellement. L’état de la nature étant l’incertitude, le marche se caractérise par le changement. La monnaie ne peut donc être pensée que dans une économie de changement mais aussi est à l’origine des fluctuations économiques.

L’économie monétaire est donc celle de l’incertitude. La monnaie a-t-elle été sélectionnée par le marché ou provient-elle du désir d’un état ? Les autrichiens rejettent l’opinion selon laquelle la monnaie doit son existence et sa valeur à l’état : la monnaie est le fait du marché.

On distingue généralement trois fonctions dans la monnaie : l’étalon de mesure, l’instrument d’échange et la réserve de valeur. Les autrichiens estiment que la notion d’échange est primordiale. Les autres fonctions sont selon eux des facettes de son rôle d’intermédiaire des échanges. Certes , la monnaie mesure la valeur, la monnaie mesure les prix et l’individu doit intégrer le système des prix et sera un guide grâce aux termes de l’échange. La monnaie n’est pas seulement un indicateur des prix, elle est aussi le moyen d’effectuer le calcul économique.

Mises définie la monnaie par sa fonction mais parallèlement il conçoit 3 types de monnaie :

- "Commodity money" : c’est la monnaie marchandise c’est à dire ayant une valeur marchande.

- "Fiat money" : c’est la monnaie papier ou un signe monétaire, seule la garantie de l’état lui donne sa valeur.
- "Credit money" : la monnaie est alors une créance sur un débiteur (douteux) dont l’échéance est inconnue.

Mises évite l’erreur de considérer les métaux précieux comme ayant intrinsèquement de la valeur et de déclarer que le papier monnaie est une aberration( ou sans valeur). Mises effectue alors une seconde distinction entre la monnaie et les substituts monétaires qui sont des créances parfaitement sures et convertibles en monnaie.

L’approche miséenne ne permet pas de considérer la monnaie comme un actif. En effet, si l’on considère le capital comme l’ensemble des biens destiné à être utilisé dans la production, la monnaie ne peut y être incluse car elle ne constitue pas une partie de l’appareil de production, la variation de la masse monétaire ne permet pas d’accroître ou de diminuer le bien être de la population.

Mises développe alors une distinction entre bonne et mauvaise monnaie : la bonne monnaie doit être tel que le pouvoir d’achat ne subisse pas de variations importantes et fréquentes. Cependant, la stabilité du pouvoir d’achat de la monnaie semble aussi irréalisable que sa neutralité. Pour Hayek, il faut essayer de neutraliser le plus possible la monnaie qui n’est pas neutre.

B) Théorie quantitative de la monnaie et pouvoir d’achat de la monnaie

Les prix sont une représentation purement monétaire. Ils ne sont pas mesuré en monnaie mais consistent en monnaie : Ils se forment sur le marché tout en étant sa base. Les prix sont des signaux intégrant les informations dispersées parmi les individus pour produire un ordre, ordre qui ne peut pas être envisagé, conceptualisé par quelqu’un. En fait , la monnaie n’est pas distribuée équiproportionnellement, mais affecte l’économie à travers les structures de production. Si l’on s’intéresse aux variations du niveau général des prix, c’est parce que l’on suppose que les prix relatifs varient pour une autre raison que l’évolution des goûts...L’examination des effets de la monnaie sur les prix relatifs constituent le centre de l’analyse de toute théorie monétaire.

On considère que si la valeur de la monnaie a pour fondement son pouvoir d’achat, alors l’individu ne demande pas de la monnaie, mais du pouvoir d’achat. Or le pouvoir d’achat de la monnaie dépend de la quantité de biens et services qu’une unité de monnaie peut acheter. On en déduit donc que la valeur de la monnaie est l’inverse du niveau général des prix.

Pour Mises, le pouvoir d’achat c’est pouvoir obtenir en contrepartie d’une quantité de monnaie déterminée, une quantité de bien déterminée et par prix de la monnaie il entend cette quantité de bien et services obtenue elle-même. Ici intervient un problème important : quel est l’origine de ce pouvoir d’achat ? Mises utilise un théorème : le "théorème de la régression". Une fois que le rapport d’échange entre la monnaie et les autres biens est déterminé sur le marché, il est maintenu et exerce une influence sur la période sur laquelle il est maintenu. La valeur d’échange objective (pouvoir d’achat) passée de la monnaie a donc une influence sur son évaluation futur et présente. Ce n’est pas un raisonnement sans fin car la régression se poursuit jusqu’au moment où la monnaie était un bien dont le valeur d’échange objective était basée sur son usage industrielle(c’est à dire demandé pour une autre raison que comme intermédiaire d’échange). Cette théorie apporte notamment une réfutation aux thèses qui imputent l’origine de la monnaie à une valeur fictive, à des biens intrinsèquement sans valeur.

"La régression ne recule pas sans fin. Elle atteint un point où l’explication est complète et où aucune question ne reste sans réponse. Si nous remontons à la trace le pouvoir d’achat de la monnaie pas à pas, nous arrivons finalement au point où le bien considéré a commencé à servir comme instrument d’échange. A ce moment là, la valeur d’échange de la veille est exclusivement déterminée par la demande non monétaire -industrielle- qui est manifestée seulement par ceux qui désirent le bien pour des emplois autres que celui d’instrument d’échange". L’action humaine, Mises

De plus , Hayek dénonce certaines opinions selon lesquelles la monnaie n’influence les prix et la production que si le niveau général des prix varie, c’est a dire qu’une hausse(baisse) du niveau général des prix se traduit par une augmentation(diminution) de la production. C’est pour cela que la notion de valeur absolue de la monnaie conçue comme l’inverse du niveau général des prix n’est pas pertinente. L’étude de la variation relative des prix apparaît comme la plus pertinente pour les autrichiens. Il faut noter que ce que Menger et Mises entendent par stabilité du pouvoir d’achat de la monnaie représente pour Hayek la notion de neutralité.

Puisque les mathématiques sont limités à la description d’état d’équilibre et d’inaction, l’équation des échanges (MV=PT) apparaît comme une "tentative futile et fourvoyante" pour expliquer les variations du pouvoir d’achat de la monnaie. Le vice fondamentale de l’équation est ainsi de ne pas partir de l’action humaine mais d’adopter un point de vue global et surtout elle présuppose la neutralité de la monnaie ( ainsi que la constance de la vitesse de circulation de la monnaie) : c’est un schéma mécanique. Les autrichiens condamnent la version simple et mécanique de la théorie quantitative de la monnaie c’est à dire l’hypothèse d’une relation causale, directe et proportionnelle entre le stock de monnaie et le niveau général des prix. La théorie quantitative de la monnaie est d’une part trop mécaniste car elle oublie que c’est seulement par l’action humaine que s’effectue l’influence du stock de monnaie sur les prix. Elle est d’autre part trop statique lorsqu’elle suppose une production stabilisée : face à cette offre rigide, la modification de la masse monétaire est censée devoir provoquer un mouvement des prix.

« Il y a en tout premier rang l’idée hérétique de la prétendue neutralité de la monnaie. Un rejeton de cette doctrine fut la notion du ’niveau’ des prix, qui monte ou baisse proportionnellement à la quantité de monnaie en circulation. On n’a pas compris que des changements dans la quantité de monnaie ne peuvent jamais affecter les prix de tous les biens et services dans un même temps et dans la même mesure.[...] Au lieu de partir des actions des individus, comme la catallactique [théorie de l’échange] doit le faire dans absolument tous les cas, on a construit des formules visant à couvrir l’entièreté de l’économie de marché. Les éléments de ces formulent étaient : la quantité totale de monnaie dans la Volkswirtschaft (économie nationale) ; le volume des échanges[...], la vitesse moyenne de circulation des unités monétaires ; le niveau des prix. Ces formules démontraient apparemment la justesse de la doctrine du niveau des prix. En fait, cependant, l’ensemble de ce raisonnement est un exemple typique de la pétition de principe ou cercle vicieux. Car l’équation des échanges implique d’avance la thèse du ’niveau’ qu’elle a pour but de prouver. Ce n’est rien de plus que l’expression mathématique de la thèse -insoutenable- selon laquelle il y a proportionnalité entre les mouvements de la quantité de monnaie et ceux des prix. » L’action humaine, Mises

Mises reproche ainsi à la théorie quantitative de la monnaie de ne pas s’appuyer sur un concept correct de la valeur de la monnaie. Elle s’interdit par ailleurs l’analyse des multiples mouvements des prix. Cependant, sa part de vérité réside dans la relation de causalité qu’elle établit entre mouvement des prix et ceux de la quantité de monnaie. En reconnaissant que la valeur d’échange objective de la monnaie est déterminée par le rapport entre besoins et quantités existantes de monnaie(le stock), la théorie quantitative de la monnaie a le mérite d’expliquer la détermination du pouvoir d’achat de la monnaie en utilisant le même raisonnement que pour les autre biens et services (loi de l’offre et de la demande).

La demande de monnaie est déterminée par chaque individu mais dépend aussi d’un certain nombre de faits : une hausse des échanges réalisés avec la monnaie accroît cette demande ainsi que la croissance économique sont les plus significatifs. Toutefois, ces facteurs n’ont d’influence qu’en tant que motifs des préférences des agents. Ainsi, les encaisses de deux individus se trouvant dans des situations parfaitement identiques peuvent varier beaucoup si les gains/coûts d’une encaisse trop grande/faible sont estimés par eux de façon différente. Le besoin de monnaie dans la société n’est rien d’autre que la somme des demandes particulières : la demande de monnaie au sens étroit est déterminé par les préférences des individus alors que, selon une conception plus large, elle est indépendante de ses dernières. En effet, la question de savoir pour un individu si son encaisse prendra la forme de substituts monétaires n’a d’importance pour lui que dans la mesure où ces substituts peuvent lui être d’un intérêt quelconque. La demande de monnaie a donc augmenté avec le progrès économique, mais le développement des instruments fiduciaires a permis de ralentir la progression de la demande de monnaie au sens étroit et les systèmes de compensations ont conduit pour leur part à freiner l’expansion de la demande de monnaie au sens large. La compensation a pour avantage essentiel de combiner la liberté permise par la monnaie et la simplicité technique propre à l’échange indirect. Elle prend sa pleine mesure dans les paiements à crédit et les échanges internationaux. Sans l’existence de ce type de technique, le système bancaire ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.

Mises précise que les changements de prix relatifs ne sont pas seulement dus à une surémission de papier monnaie par le gouvernement : une augmentation de la production de métaux précieux employés comme monnaie ou une "déthésaurisation"(dishoarding) ont les même effets. Inversement, les prix peuvent diminuer lorsque la monnaie est moins disponible ou que la demande de monnaie augmente(ex thésaurisation), toutes choses égales par ailleurs. Mises peut alors conclure sur les conséquences d’une augmentation de la quantité de monnaie, la demande restant constante ou n’augmentant pas dans les même proportions : les individus qui reçoivent plus de monnaie ne vont plus évaluer leurs encaisses de la même manière. Disposant d’une quantité de monnaie additionnelle, ils attribueront à chaque unité une valeur plus faible. Leur demande de monnaie étant par hypothèse inchangée, les individus expriment un désir d’achat sur les marchés plus pressent. Les prix des biens et services désirés vont donc s’accroître et la valeur d’échange de la monnaie diminuer. L’encaisse monétaire des producteurs de ses biens augmente alors, et de là leur demande de biens et services. La hausse des prix se transmet ainsi progressivement à tous les biens et services, son intensité quant à elle diminuent parallèlement. Or la partie de la société qui aura été la dernière affectée par l’offre accrue de monnaie verra diminuer le pouvoir d’achat de son encaisse globale. Ces agents demanderont certainement une augmentation des salaires qui pourra potentiellement générer à son tour une hausse des prix.

Mises montre que le phénomène analyse est plus complexe car une augmentation du crédit ou de la quantité de monnaie papier se traduit par trois processus qui suivent leurs cours indépendamment :

- Une tendance à la baisse des prix des matières premières déclenchée par la hausse du prix des biens de production et l’expansion corrélative des activités de productions.

-Une tendance à la baisse des prix provoquée par l’accroissement de la demande de monnaie afin de couvrir des besoins de liquidités

-Une tendance à la hausse des prix provoquée par le flux supplémentaire de monnaie au sens large.

On ne peut savoir a priori quelle sera la résultante de ses trois influences. C’est pourquoi un doublement de la quantité de monnaie ne correspond pas à une baisse de moitié du pouvoir d’achat de la monnaie. Aussi, plutôt que de parler de hausse et diminution du niveau général des prix, il vaut mieux conclut Mises parler d’une "révolution des prix".

Mises met en évidence le caractère artificielle du concept de vitesse de circulation de la monnaie : pour que la relation direct et proportionnelle de la quantité de monnaie sur le niveau des prix soit vérifiée, cette vitesse doit le plus souvent être considérée comme constante conséquence d’habitudes anciennes et variant peu. C’est une hypothèse excessive. Pour Hayek, c’est une erreur d’établir une relation directe et causale entre la quantité de monnaie, le niveau général des prix et le montant total de la production, aucune de ses grandeurs n’exercent en elle même une influence sur les décisions individuelles.

II) Cycle économique, système bancaire et la monnaie.

A) Le taux d’intérêt et le rôle des banques

1) La notion de taux d’intérêt

Nous allons d’abord voir le concept de taux d’intérêt chez K. Wicksell. Pour Wicksell, si les banques veulent prêter plus, elles doivent diminuer leurs taux d’intérêt. Les investisseurs demandent alors plus de crédit et les prix augmentent. La monnaie a donc une influence sur les prix par l’intermédiaire du taux d’intérêt. Pour Wicksell, il existe deux type de taux d’intérêt : - le taux monétaire (nominal ou réel) qui est le prix du crédit déterminé par le marché de la monnaie

- le taux naturel qui est le taux d’intérêt qui égalise l’offre et la demande d’épargne. Le "taux d’intérêt naturel du capital" est la taux qui "résulterait de l’offre et de la demande s’il n’était pas fait usage de monnaie et si les biens d’équipement étaient prêtés en nature" Interest and Prices, Wicksell

Wicksell distingue alors trois types d’économies qui ont de grandes similitudes avec celles des conférences de Hayek : l’économie de paiement au comptant où le crédit n’existe pas, l’industrie est alors obligée de garder des encaisses selon ses cycles d’activités (exemple : une entreprise ne travaille que 9 mois par an, elle doit garder pendant les 3 mois d’inactivités des encaisses). Dans l’économie de crédit simple, les crédits se font directement, d’un individu à un autre, sans institutions financières : l’épargne précède l’investissement et lui est strictement égale. Enfin, dans l’économie de crédit organisé, le crédit est centralisé par les banques et n’est donc plus limité par l’épargne (du fait des dépôts) et par conséquent le taux d’intérêt du marché est alors différent du taux d’intérêt naturel.

C’est sur ce dernier type d’économie que Wicksell porte la plus large partie de son analyse. A l’équilibre c’est à dire offre = demande d’épargne, le taux d’intérêt monétaire est égale au taux d’intérêt naturel. Si le taux du marché est inférieur au taux naturel, c’est que la demande d’épargne (les investissements) est supérieure à l’offre d’épargne : alors l’inflation s’insinue dans le système économique. A l’inverse, si le taux d’intérêt naturel est supérieur au taux du marché, alors l’épargne est supérieure à l’investissement, et la déflation s’installe. L’équilibre monétaire de Wicksell comporte trois conditions nécessaires qui se caractérisent par (1)l’égalité du taux d’intérêt naturel et monétaire et par conséquent il y a un (2)équilibre de l’offre et de la demande d’épargne, (3)les prix quant à eux restant constants. Le taux d’intérêt du marché à l’équilibre monétaire est un taux neutre c’est à dire que la valeur du taux d’intérêt est le même si l’on passe d’une économie monétaire à une économie de troc et inversement. Dans cette situation, la monnaie ne sert qu’à couvrir un mécanisme qui aurait pu se dérouler aussi bien sans elle : la monnaie n’est qu’un voile ce qui équivaut à la monnaie neutre pour les autrichiens. Mais le troisième critère (la constance des prix) pose problème : en effet, la monnaie neutre correspond à de la monnaie stable chez Wicksell, équivalence qui va être rejetée par les autrichiens.

Pour commencer, les autrichiens font une analyse du capital. Mises appelle période de production la dépense de temps totale requise pour la production c’est à dire la somme des temps de travail et de maturation : les méthodes de fabrication qui absorbent le plus de temps ont la plus forte productivité. La période de production, en ce sens, nécessite un détour de production.

"La période de production du bien de jouissance doit être comptée, rigoureusement parlant, depuis le moment où la première unité est mise en mouvement à l’effet de créer le premier produit intermédiaire qui a été utilise pour la production du bien de jouissance, jusqu’à l’achèvement de ce dernier." "On réussit mieux en produisant les biens d’usage par des moyens détournés qu’en les produisant directement". Théorie positive du capital, Böhm-Bawerk

"La condition sine qua non de tout allongement des processus de production adoptés est l’épargne, c’est à dire un excédent de la production courante sur la consommation courante." L’action humaine, Mises

Or la satisfaction maintenant ne peut être préférée, ceteris paribus, à celle anticipée pour le futur : la préférence pour le temps est donc essentielle dans l’agir humain. Le capital doit être compris au travers de sa convertibilité (imparfaite) qui peut être définie comme étant la faculté des capitaux de s’adapter à un changement des données de production. Hayek ajoute ici une distinction supplémentaire entre biens non spécifiques que l’on peut utiliser dans tous ou la plupart des stades de production et les biens spécifiques qui sont seulement utilisables à certains stades.

Ces réflexions conduisent les autrichiens à remettre en cause la classification classique des facteurs de productions (terre, capital et travail) pour lui préférer une classification de biens d’ordres plus ou moins élevés. Les biens de consommations ( 1er ordre) sont aptes à satisfaire les besoins des individus et leurs possibilités d’emploi ne dépendent pas de l’utilisation d’autres biens. Les facteurs de production (ordre plus grands) ne peuvent satisfaire les besoins des agents qu’indirectement lorsqu’il sont combines avec d’autres biens qui sont appelés biens/facteurs de production.

D’abord Mises analyse une "économie au rythme uniforme" : la préférence du temps c’est à dire la dépréciation subie par les biens et services futurs comparés aux biens et services présents se manifeste dans l’intérêt originaire défini comme le "rapport entre la valeur attribuée à la satisfaction d’un besoin dans le futur immédiat et la satisfaction du même besoin dans un temps plus éloigné". C’est donc un rapport entre deux prix (et non d’un prix) qui n’est pas déterminé par l’offre et la demande de capital. C’est le taux originaire qui détermine l’offre et la demande de capital liquide ou matériel. Si l’on se trouvait à un moment donné proche de la fin du monde, les facteurs de production deviendraient sans valeur et la dépréciation des biens futurs par rapport aux biens présents serait infinie. La valeur d’un bien disponible maintenant est toujours supérieure à celle d’un bien futur.

En économie de marché, l’intérêt originaire intervient dans la détermination de l’intérêt monétaire : ils coïncident dans l’hypothèse d’une économie stationnaire sous la forme d’un taux d’intérêt neutre( comme Wicksell). Mais , dans la réalité, Mises distingue un taux d’intérêt brut ( de marche) et net (tendant vers le taux d’intérêt originaire). Le taux d’intérêt brut est obtenu en ajoutant au taux d’intérêt net la composante "entrepreneuriale" et la "prime de prix". Il ne faut pas oublier que le prêteur est un entrepreneur : tout prêt comporte un risque et ce profit d’entrepreneur est déterminé "par tous facteurs qui jouent dans n’importe quelle opération entrepreneuriale et le cadre légal et institutionnel".

Or l’anticipation d’une hausse des prix conduit à faire croître le taux brut et inversement. Cette prime de prix est toujours en retard sur les modifications du pouvoir d’achat, car elle résulte non de la variation de la masse monétaire mais des effets postérieurs de cette variation sur la structure des prix. Les travaux historiques et statistiques sont inutiles à l’élaboration de la théorie de l’intérêt puisque les taux bruts sont des phénomènes complexes et ne peuvent être utilisés pour construire une théorie empirique de l’intérêt. La non neutralité de la monnaie soulève un second problème plus important : dans certaines conditions, une variation de la masse monétaire peut influencer le taux d’intérêt avant même d’affecter les prix sans qu’aucune modification de l’intérêt originaire soit intervenue. Le taux du marché cesse alors de remplir sa fonction d’orientation des décision des individus et détourne leurs actions des voies permettant la satisfaction optimale des besoins des consommateurs. En outre, les changements de relation monétaire affectent le marche des prêts avant d’influencer le taux du marché et s’opposent par la même à une adaptation des taux bruts. Telle est la seconde raison pour laquelle l’impact de la prime de prix ne peut éliminer les conséquences des variations induites par encaisses de la relation monétaire(la première étant que la prime de prix suit de loin les anticipations de pouvoir d’achat).

Hayek souligne que dans la réalité l’intérêt apparaît sous la forme d’une pléiade de taux, aucun d’entre eux ne pouvant être considérés comme celui sur lequel se fonde la théorie statistique. Mais l’étude de l’intérêt naturel n’en est pas moins le point de départ indispensable à toute explication des taux. Hayek ne se réfère pas au taux d’intérêt miséen mais à l’intérêt naturel de Wicksell. Il constate cependant que le taux d’intérêt assurant la stabilité des prix n’est pas, en situation d’expansion, le même que celui nécessaire à la réalisation de l’égalité entre investissement et épargne. Wicksell a eu le tort de penser que l’égalité des taux naturels et monétaires assure la stabilité des prix. Pour que l’égalité entre l’offre et la demande de capitaux soit constamment réalisée, les banques ne doivent prêter ni plus ni moins que le montant de l’épargne déposée dans le système bancaire et donc ne jamais permettre que la quantité de monnaie en circulation varie. Mais en même temps, pour que le niveau de prix ne varie pas, il faut varier la quantité de monnaie en circulation quand la production augmente ou diminue. En résumé, les banques peuvent donc soit maintenir la demande de capital réel dans les limites de l’offre d’épargne, soit maintenir constant le niveau des prix, mais ne peuvent en aucun cas atteindre les deux objectifs. La stabilité des prix, norme de la politique monétaire, n’a donc aucun fondement théorique : le concept de monnaie neutre est distinct de la monnaie stable. Pour Hayek, la demande de capital est beaucoup plus inélastique que l’on pense aux variations des taux d’intérêt car chaque investissement s’inscrivant dans un processus, une chaîne, plus important sera l’investissement déjà réalisé comparé à celui requis pour utiliser l’équipement et plus important sera le taux d’intérêt.

2) Les banques

Mises a mis en évidence dès 1912 le fait que ce "sont les crédits qui font les dépôts" ("loans make deposits"). Il décrit l’activité bancaire comme ayant deux fonctions essentielles : les opérations de prêt et l’émission d’instrument fiduciaire. L’état peut considérer que la valeur des instruments fiduciaires qu’il émet augmente d’autant ses revenus : il ne prélèvera donc pas un fond spécifique sur son capital pour couvrir l’émission, mais empochera le profit qui est appelé seigneuriage. Alors la différence entre l’état et les institutions financières diminuent, les deux ayant à peu près les même activités.

Ces précisions permettent d’établir la très importante distinction entre le "circulation credit" et le "commodity credit" : celui-ci désigne les prêts qui imposent un sacrifice au prêteur (donc avec une épargne pour contrepartie), ce sacrifice étant la renonciation au pouvoir de disposer de la somme jusqu’à réception de celle contre laquelle elle a été échangée. Au contraire, avec le "circulation credit", le prêteur renonce pour un temps à être le propriétaire d’une somme de monnaie mais sans renonciation ce qui ne lui inflige aucune réduction de satisfaction. Le "circulation credit" s’appuie sur la spécificité des substituts monétaires : plus les sommes déposées dans les banques sont importantes, plus la probabilité que les sommes payées aujourd’hui compensent celles dont le remboursement est demandé le même jour est importante et plus les réserves garantissant à la banque de ne pas à suspendre ses remboursements est faible.

Hayek approfondit ce mécanisme : trois facteurs régulent le volume de circulation de la monnaie à l’intérieur d’un pays, les entrées et sorties d’or ; les variations du volume de billet des banques centrales et les créations de dépôts par les autres banques ce qui est le phénomène le plus important. Hayek montre comment une augmentation des dépôts influence la capacité de prêt de tout le système bancaire : il suppose qu’un nouveau dépôt est effectué auprès d’une banque. Si la politique suivie par cette institution financière consiste à maintenir une proportion fixe entre ses réserves et ses engagements, elle va donc pouvoir grâce à son stock de monnaie accru, accorder de nouveaux crédits. Pour conserver par exemple une réserve de 10% des dépôts, la banque prêtera 90% de la monnaie déposée. Mais l’effet de ce nouveau dépôt sur la capacité de prêt de l’ensemble du système bancaire est beaucoup plus important : les bénéficiaires des nouveaux prêts effectuent la majeur partie de leurs paiement par chèque ou autres moyens. Par conséquent, la remise à l’encaissement de ces moyens de paiement à un établissement de crédit améliore la situation de ce dernier. Il prêtera de nouveau 90% des sommes nouvellement encaissées, ainsi de suite. Au total, le dépôt initial aura fortement augmenter les crédits (0.9+0.9^2+....+0.9^n). Inversement, si les dépôts diminuent de manière inattendue , le processus sera inverse et suscitera une contraction du crédit .

Selon Hayek et Mises, la constance du multiplicateur ne peut être postulée. Mais surtout, l’optique envisagée suppose que la monnaie de banque centrale est la variable causale. C’est à dire que le comportement des banques apparaît comme automatisé puisqu’elles ne distribuent de nouveaux crédits que si des liquidités nouvelles ont été injectées au préalable (par la banque centrale). L’analyse du multiplicateur ne peut donc valoir que pour des pays qui ont une politique de contrôle assez strict de la base monétaire. Or Hayek focalise au contraire son attention sur un système bancaire (européen) consistant pour la banque de second rang, à faire passer la distribution de crédits avant leurs soucis de trésorerie. L’optique considérée est donc inverse de celle du multiplicateur : c’est le diviseur de crédit.

Mises a eu pour sa part le mérite de montrer que la confiance du public est le garde fou le plus efficace contre un développement excessif du crédit. Mais par ailleurs, le détenteur de substituts monétaire qui désire réaliser des transactions avec l’étranger est contraint de transformer les substituts en monnaie. L’émetteur de substituts est donc limité dans le volume qu’il peut créer puisque toute émission excédentaire lui reviendra pour être échangée. Il apparaît alors un problème : ne faudrait-il pas interdire tout bonnement l’émission de substituts monétaires ? Non car l’effet serait désastreux sur l’activité économique ; le pouvoir d’achat interne de la monnaie augmenterait énormément.

La présentation de Mises fait cependant abstraction de l’architecture du système bancaire. Ce système est présenté par Hayek sous la forme d’une pyramide inversée :

- la tranche inférieure(la plus petite) est composée des encaisses monétaires de la banque centrale

- la tranche supérieure est composée des différentes formes de crédits accordée par cette institution

- la troisième tranche regroupe les prêts des banques commerciales

- la quatrième (la plus importante) regroupe les crédits privés (c’est à dire hors banque)

Or le contrôle ne peut être effectué que sur le système bancaire. Les réserves sont déterminées par les banques centrales dans les systèmes actuels. Cette structure se traduit par une conséquence : elle a permis une extension considérable des dépôts par rapport aux réserves car la banque centrale peut créer en cas de besoin une quantité supplémentaire de billets pour satisfaire les besoins du public . Mais plus précisément la banque centrale se trouve confronter à un dilemme irrémédiable : son seul moyen de contrôler une expansion des moyens de paiement est de prévenir qu’elle n’offrira pas la monnaie nécessaire à l’expansion du crédit, mais en même temps, sa première fonction est de fournir cette monnaie lorsque le public commence à demander la conversion de ses dépenses en billets ou en or. Pour résumer, le problème fondamental du système bancaire actuel consiste en "l’élasticité" perverse des dépenses bancaires. Ce système est intrinsèquement fragile.

B) Les cycles économiques : une réinterprétation

1) L’unique cause : le crédit

Les autrichiens vont montrer que la monnaie de crédit rompt l’unité du marche du capital en permettant des investissements qui n’auraient pas été possible sans elle. Avant Mises et Hayek, les théories du cycle avaient pour point de départ l’augmentation de la demande de certains bien, cette demande suscitait des investissements nouveaux qui s’avéraient injustifiés une fois la demande satisfaite et qui avaient pour effet de déformer la structure de production. Mais les fluctuations selon Hayek et Mises ne peuvent être imputables aux comportements différenciés des entrepreneurs. De plus, les théories critiquées se fondent sur les prévisions inexactes de certains entrepreneurs alors que le cycle des affaires vise l’activité général. Pourquoi les prix ne permettent-ils pas de rétablir l’équilibre économique ? Ce sont les mouvements d’intérêt qui déforment la structure des prix. Les variations de la masse monétaire détruisent l’harmonie économique (offre = demande). Le crédit constitue le point central de l’explication des fluctuations économiques. Pour les autrichiens, le crédit est le point de passage obligé qui transforme une perturbation(climatique pour Jevons, l’innovation pour Schumpeter etc.) initiale en un processus cyclique.

Pour Mises, la politique de crédit suivie par les institutions financières permet de stimuler la demande de capital en diminuant artificiellement le taux d’intérêt : elle est donc la cause de tout cycle économique. Hayek va pousser plus loin l’analyse de Mises. La baisse du taux d’intérêt au dessous de son niveau d’équilibre peut être aussi la conséquence d’anticipations de profit supérieur ou d’une contraction de l’épargne, celle-ci ayant pour effet d’accroître le taux d’intérêt d’équilibre au dessus de son niveau d’équilibre précèdent. En n’augmentant pas le taux d’intérêt , les banques donnent ainsi satisfaction à une demande de prêts supérieure à celle permise par l’offre d’épargne disponible.

Face à une nouvelle opportunité de profit, une banque diminue la taille de ses réserves et ce d’autant plus que dans la phase de croissance du cycle, les risques diminuent. En vertu du multiplicateur de crédit, le nouveau prêt se traduit par une hausse de la demande. Lorsque la hausse de la demande de monnaie sera telle, les banques seront forcées d’augmenter leurs taux d’intérêt afin de protéger leurs réserves. Le contrôle de la croissance du crédit ou la hausse du taux d’escompte de la banque centrale se traduira par une dépression : la cause est une augmentation du taux d’intérêt moins rapide que celle requise par les variations de l’épargne.

2) Les conséquences

Pour illustrer le processus d’un cycle, Hayek met en épigraphe de sa troisième conférence de Prix et production la citation suivante de Mises qui est éclairante : "La première conséquence de l’augmentation de l’activité productive due à une politique bancaire de prêts à un taux d’intérêt inférieur au taux naturel est [...] d’accroître le prix des biens de production relativement au prix des biens de consommation... Mais, rapidement, un mouvement inverse intervient : les prix des biens de consommation s’élèvent et les prix des biens de production diminuent : en d’autres termes, le taux d’intérêt s’élève et tend à nouveau vers le taux d’intérêt naturel."

Pour Mises, au début d’une phase d’expansion du crédit, la prime de prix incluse dans le taux d’intérêt égalise l’offre à la demande, car la variation de la masse monétaire n’a pas affecte le prix des biens et services. Les entrepreneurs faussement convaincus d’une hausse prochaine de leurs profits, accroissent leur demande de biens de productions. Les salaries présentent alors une plus grande propension marginale à consommer. Ainsi, lorsque cette demande supérieure affecte le marche, les investissements nouveaux n’ont pas encore produit une quantité de biens suffisante : les prix des biens augmentent, l’intérêt originaire tend aussi à augmenter. Mais le taux d’intérêt brut n’en demeure pas moins en retard sur le niveau de l’intérêt originaire, la composante entrepreneuriale et la prime de prix. Ainsi les entrepreneurs continuent à emprunter à ces taux supérieurs. Si l’expansion du crédit est seulement due à une injection d’instruments fiduciaires, l’essor économique s’arrêtera rapidement : les entrepreneurs ne pouvant plus se procurer les fonds dont ils ont besoin pour faire aboutir leurs projets. Le taux brut s’élève avec la hausse de la demande des prêts, les prix des biens de consommation diminuent car les entrepreneurs diminuent leurs stocks ou n’achètent plus de biens, d’ou un nouveau retricissement des offres. L’expansion du crédit pourrait certes se prolonger plus longtemps, mais de toute façon pas indéfiniment, sans peine de destruction du système monétaire à cause de l’insolvabilité des banques.

L’expansion du crédit a pour particularité de ne pas susciter la création de capitaux matériels nouveaux : ceux requis par l’expansion de certaines activités sont soustraits à d’autres branches de production. La hausse des prix des biens de consommation qui apparaît dans le cours du cycle provoque une tendance à l’épargne forcée, phénomène qui sera précisé par Hayek. Enfin, l’expansion du crédit n’affectant que les prix, salaires, taux d’intérêt ni au même moment, ni dans les même proportion, la conséquence en est non pas le surinvestissement, mais le "malinvestissement".

Hayek, des 1929, met l’accent sur le processus qui détermine l’épargne forcée c’est à dire l’accroissement des capitaux au dépend de la consommation : l’augmentation du volume des prêts bancaire en période d’expansion est consacrée à la production des biens d’investissement. De ce fait, les biens de consommation se retrouvent en quantités insuffisantes, il en résulte une contraction involontaire des consommations et par conséquent les individus sont contraints d’épargner. L’épargne forcée libère des capitaux permettant la mise en oeuvre de nouveaux investissements. Toutefois, l’offre de capitaux étant insuffisant à la réalisation de tous les processus nouvellement entrepris, le capital nécessaire à cette fin sera détourné de la maintenance des entreprises/investissements existants (jusqu’à l’arrêt de certains). "L’expansion du crédit conduit à une affectation erronée des facteurs de production, du travail en particulier, en les dirigeant dans des emplois qui cessent d’être rentables dès que l’inflation cesse d’accélérer" Prix et production, Hayek.

Hayek part d’une situation d’équilibre (de plein emploi). Il faut d’abord préciser la théorie du capital autrichien : les produits intermédiaires sont les biens de production qui ne sont pas les moyens originels de production (c’est à dire la terre et le travail) mais qui se situent entre ses derniers et les biens de consommations. La proportion de ces produits intermédiaires employés dans un processus de production de production croit avec la longueur du détour de production qui devient alors plus capitalistique.

En conséquence, la quantité de monnaie dépensée en biens de production durant une période quelconque peut être bien supérieure au montant consacré à l’achat de bien de consommation durant le même période puisque la plupart des biens sont échangés plusieurs fois contre de la monnaie avant d’être vendus aux consommateurs, et en moyenne, un nombre de fois égale au rapport entre le montant dépensé en biens de production et le montant dépensé en biens de consommation. La rentabilité d’un investissement dépend d’une part du niveau des prix des produits obtenus au stade où il est entrepris, d’autre part des prix payés pour les moyens originels de production et des produits intermédiaires du stade précèdent.

La mise en oeuvre de processus de production plus capitalistique peut s’opposer de deux façons aux conséquences différentes. (1) Une augmentation de l’épargne volontaire suscite une baisse des prix des biens de consommation moins demandes, mais un accroissement de la demande des biens de production, donc une augmentation de leurs prix. Pourtant cette dernière n’est pas homogène, car la baisse des prix des biens de consommations tend à diminuer les taux de profits des derniers stades de production c’est à dire ceux les plus proches des biens de consommation. Ce processus favorise une production plus capitalistique. Le taux d’intérêt constitue ainsi un guide efficace aux décisions des individus. L’épargne volontaire ne se traduit pas par des investissements erronés. (2) Tel n’est pas le cas des perturbations occasionnées par une expansion du crédit à la production : la baisse du taux d’intérêt, nécessaire pour que cette offre de prêts corresponde à une demande, favorise les processus de production utilisant beaucoup de capital. Mais ces processus peuvent être mis en place sans une baisse nécessaire de la consommation. Or, comme les biens intermédiaires se déplacent vers les processus les plus rentables, leurs rareté dans les derniers stades va alors se traduire par une baisse de la production de biens de consommation. La société fait face alors a une diminution involontaire de sa consommation : c’est l’épargne forcée. Mais comme les salariés ont demandé une hausse de leurs salaires, la demande de biens de consommation va continuer à être aussi forte poussant ainsi les prix de ceux-ci à la hausse et par ce fait offre des occasions de profits aux entrepreneurs disposes à emprunter à un plus fort taux. Ce processus se poursuivra jusqu’au moment où la spirale inflationniste et le danger d’une destruction du système monétaire mettront finalement un terme à l’expansion : à ce stade, l’augmentation de la quantité de monnaie est utilisée pour l’achat des biens de consommation. Son effet est équivalent à l’accroissement des crédits à la consommation : la hausse des prix des biens de consommation entraîne une hausse des marges des stades de production antérieurs et rends par conséquent les processus plus longs non rentables, d’ou un brusque arrêt du travail à ces différents stades. Alors les processus plus courts de production intègrent lentement les biens et le capital humain employés avant dans les stades plus longs : cette "transition" se traduit alors par une crise.

L’existence de capacités oisives, loin être la preuve d’un excès de capital et d’une insuffisance de la demande, est au contraire l’expression de notre difficulté à utiliser pleinement les équipements existant : la demande courante de biens de consommation est trop importante pour permettre d’investir dans les services productif aux processus plus longs pour lesquelles on dispose cependant de l’équipement nécessaire.

Les déséquilibres dues aux variations de l’épargne volontaire sont résorbées par les mécanismes autorégulateurs du marché c’est à dire le système des prix. L’augmentation de l’épargne volontaire est surtout favorable aux consommateurs puisque les prix des biens de consommation diminueront dans le futur et que le revenu réel des individus augmentera. En revanche, le déséquilibre que provoque un investissement financer par du "circulation credit" c’est à dire sans épargne préalable, modifiera la structure de production en engendrant des "malinvestissements" : ce déséquilibre est résolu par la crise qui en est la sanction et fait office de régulation.

III) Le déséquilibre monétaire

Mises et Hayek assimilent l’inflation à une politique et cette politique est le mal fondamental de l’économie monétaire. Pour Mises, l’inflation est la politique monétaire consistant à accroître la quantité de monnaie au dessus de sa demande. Hayek définie l’inflation comme un développement excessif de la quantité de monnaie provoquant normalement une hausse des prix.

A) L’inflation

En permettant aux hommes politiques de soutenir l’activité économique dans le court terme, le leurre de l’argent facile s’est avéré irrésistible déplore Mises. L’accent est donc mis sur l’inflation entraîné par le budget. Nous ne nous intéresserons pas aux effets d’une augmentation du prix des matières premières (ex : pétrole) par exemple car toute hausse importante des prix passe nécessairement par de la création monétaire. L’état, dit Mises, est un agent économique comme les autres puisqu’il est soumis, à l’instar des individus, à la loi du marché, c’est à dire aux prix. Si les gouvernements ne peuvent changer les termes de l’échange, ils sont capables de modifier les prix qui les déterminent : l’histoire n’est alors que l’histoire de l’emprise des gouvernements sur la monnaie. En profitant d’un statut spécifique, l’état prétend jouer un rôle d’exception en ce qui concerne la monnaie. Mises et Hayek dénoncent le caractère néfaste du monopole de l’état en matière monétaire.

Mises et Hayek ont critiqué les théories nominalistes (de Wageman et Knapp) qui présentent la monnaie comme la création de l’état et une manifestation de son prestige (le pouvoir libératoire de la monnaie est l’une des causes du monopole de l’état). Le pouvoir libératoire est un moyen légal de contraindre les individus à accepter la monnaie étatique dans leurs contrats, quelquechose qui n’a en fait jamais était été prévu dans les clauses des même contrats.

Nous savons que l’inflation améliore la position des débiteurs au dépend de celle des créditeurs puisqu’elle allège le fardeau du remboursement des prêts. L’inflation ne profite aux débiteurs que si elle n’est pas anticipée. Pour Mises, si le public escompte de fortes variations du pouvoir d’achat et spécule ainsi une hausse (baisse) des prix des biens et services, il augmente (diminue) alors ses achats : cette attitude nourrit la tendance anticipée. En phase d’inflation, les achats vont donc augmenter rapidement, le public essayant de diminuer son encaisse au strict minimum car le coût de détention de l’encaisse liquide augmente les pertes subies du fait de la baisse du pouvoir d’achat. Lorsque la population s’aperçoit que l’inflation est délibérée et que cette politique continuera, ce qui servait de monnaie cesse alors, rapidement, d’être un instrument d’échange (ex : Mark allemand en 1923, mandats français en 1796 etc.). Ce n’est donc pas la façon dont il est obtenu qui provoque les conséquences que nous appelons l’inflation : ce serait une erreur de penser que la dépréciation de la monnaie stimule la production.

Peut on accepter une inflation limitée ?(par exemple celle envisagée par la banque centrale européenne est de moins de 2%). Non, car selon Hayek, pour maintenir le niveau d’activité qu’elle a rendu possible par une inflation de faible amplitude, la politique monétaire doit en augmenter l’expansion et devra le faire à un taux croissant si le taux d’inflation effectif est anticipé correctement. En effet, si l’inflation cesse brusquement, l’économie se trouvera dans une situation pire que celle de l’économie du début du processus d’inflation.

Permise par l’ignorance du public, l’inflation est donc bel et bien, selon Mises, une "supercherie" : elle suscite des conflits sociaux et n’est même pas légitime en période de guerre. Dans cette situation, elle n’ajoute rien à la capacité de combat d’une nation, ni à ses ressources matériels et morales. L’inflation ne peut pas donner plus que "l’élan patriotique" des citoyens est capable d’apporté. En réalité, le gouvernement fait appel à l’inflation quand il pense que l’action qu’il poursuit ne recevra pas de la population les moyens d’aboutir si celui-ci avait connaissance de la politique entreprise. En ce sens , l’inflation est antidémocratique.

Le contrôle des prix est l’instrument le plus populaire de l’intervention de l’état : il consiste en la fixation de prix maximum. Or la volonté de fixation de plafonds procède en partie à l’opinion selon laquelle la dépréciation de la monnaie est due à l’activité des spéculateurs. Mais la spéculation a pour effet de diminuer (et non augmenter) les variations de prix. Si la quantité de monnaie augmente, les prix étant maintenus à leur niveau, alors l’offre n’égalise plus la demande : le marché est désorganisé et un système d’échange direct apparaît. La concurrence ne peut plus jouer son rôle de guide efficace de l’action humaine. La production que les offreurs ne peuvent offrir au prix fixé par la loi sera arrêtée. Pour éviter que les investissements ne se détournent vers d’autres productions et fassent à leur tour augmenter les prix, le gouvernement doit fixer le prix de tous les biens et services et s’il ne souhaite pas que ce soit la chance ou la violence qui définisse la répartition des biens et services, il devra réglementer lui même le montant que chaque individu est en droit d’acheter c’est à dire faire appel au rationnement.

Le contrôle des changes qui interdit de contracter en monnaie étrangère à un cours différent du cours officiel appelle à la même analyse et critique : il biaise les relations internationales. La baisse des importations et la demande de monnaie étrangère est compensée par une baisse des exportations et offre de monnaie étrangère : c’est un moyen pour exproprier les investisseurs étrangers.

Le mécanisme des prix apparaît définitivement comme le fondement de l’ordre. L’inflation est au contraire incompatible avec un système permanent d’organisation sociale : elle rend bientôt nécessaire le contrôle des prix et avec lui le rationnement qui nécessite à son tour la planification totale de l’économie : le socialisme (planification à la soviétique). L’inflation entraîne la destruction de l’économie monétaire selon un processus graduel mais inexorable, l’excès de monnaie suscitant sa disparition : la valeur d’un bien n’est elle pas fonction croissante de sa rareté ?

B) Des politiques monétaires inutiles

1) L’inefficacité du système

Mises a montré que, dans l’état actuel du système bancaire, la demande de monnaie est largement déterminée par la politique de crédit des banques centrales. Or les effets induits par l’inflation permettent de conclure à l’inutilité de toute politique de dépréciation du pouvoir d’achat de la monnaie. Il faudrait si l’on veut favoriser les débiteurs aux dépens des créditeurs, que la dépréciation de la monnaie se fasse à l’insu de ses derniers. Il n’est pas davantage possible d’encourager les exportations et de limiter les importations en stimulant la production par l’intermédiaire d’une baisse du pouvoir d’achat de la monnaie. En effet, Mises montre que la valeur de la monnaie et son rapport d’échange contre les autres monnaies n’ont pas de signification.

Chercher à influencer la valeur, le pouvoir d’achat de la monnaie, c’est donc courir le risque d’injecter dans l’économie une quantité excédentaire de monnaie. La politique monétaire ne doit elle pas être en conséquence rechercher la constance du pouvoir d’achat de la monnaie ? Elle est irréalisable car dépourvue de tout sens dans la sphère de l’agir humain. Puisque la monnaie ne peut être neutre ni le pouvoir d’achat constant, la politique monétaire ne sera jamais juste, impartiale. Le choix doit donc être laissé au marché qui peut le mieux définir la meilleure monnaie. De plus, la politique monétaire n’a pas connaissance des éléments sur lesquels elle agit selon Hayek : elle détériore la comptabilité et aucune politique monétaire ne parviendra à assurer une équivalence parfaite entre valeur monétaire et quantité de capital. La différence entre ces deux modes d’évaluation suscite l’apparition d’un pseudo-profit : les gains tirés de l’appréciation du capital en bourse ne correspond pas à des profits réels. La neutralité de la monnaie apparaît comme un idéal.

Les crises cycliques selon les autrichiens ne peuvent être résolues par une politique monétaire : cette dernière est même plus nocive qu’impuissante. Si le gouvernement lève un impôt ou recourt à l’emprunt, il n’ajoute rien à ce que les keynésiens appellent le volume global de la dépense. Il restreint au contraire le pouvoir de consommation et d’investissement des individus à mesure que les gouvernement augmente ses dépenses. S’il recourt au contraire à des méthodes de financement inflationnistes, il aggrave la situation : la crise, inévitable, est d’autant plus grave que le gouvernement a réussi à la différer plus longtemps. Mises et Hayek s’accordent sur ce point, mais dans Prix et production, Hayek n’exclut pas l’effet bénéfique de crédits aux producteurs dans la phase aiguë de la crise, lorsque la structure de production tend à se contracter plus que nécessaire. La réalisation d’un certain nombre de conditions rend cependant cette perspective très improbable car il faudrait : d’abord que la valeur des crédits compense la hausse des prix relatifs des biens de consommation, ensuite que des dispositions puissent être prises pour annuler les crédits supplémentaires quand les prix diminuent et que le rapport entre offre de biens de consommation et offre de produits intermédiaire s’adapte au rapport des demandes de ces biens et que finalement ces crédits ne rendent pas profitables des processus plus long.

Ainsi Hayek conclut-il son analyse de 1931 par une note pessimiste en remarquant que la politique monétaire ne pourra jamais éliminer complètement les fluctuations économiques. Loin d’annuler certaines conséquences perverses de l’inflation, l’indexation des salaires sur le coût de la vie se traduit par une hausse du chômage (confère France, Italie). Si Mises ne fait qu’avancer cette idée, Hayek explique que la demande additionnelle des individus dont le salaire est indexé sur la hausse des prix participera au développement de celle-ci. L’indexation conduit donc à un cercle vicieux qui peut même engendrer une inflation permanente.

Pour Mises, la réussite d’une politique monétaire suppose qu’elle soit connu du public et reçoive son accord. La croyance dans ces effets positifs de l’argent facile résulte , selon Hayek, de ce que à très court terme, cette politique a pour effet de stimuler les affaires, alors que les conséquences à plus long terme (distorsion de la structure de production, des prix relatifs et le "malinvestissement") ne sont pas facilement interprétées par le public.

De plus, les auteurs autrichiens refusent l’alternative de Phillips : chômage ou inflation. Leur théorie de l’emploi s’inscrit plutôt dans le cadre classique où le chômage institutionnel résulte d’une intervention étatique qui tend à imposer par la coercition des taux de salaires supérieurs à ceux qui s’établissent sur un marché libre. Des niveaux de salaire réel trop élevés sont l’une des causes du chômage. Par conséquent, une augmentation de la quantité de monnaie ne pourra développer l’emploi que si la hausse des prix qui en résulte est supérieure à la hausse des salaires nominaux : cette nouvelle configuration des prix correspond à une diminution des salaires réels. Keynes disait que le plein emploi ne peut être réalisé que par inflation : alors trompez les salariés. Or contrairement à ce que pensait Keynes, explique Mises, une déflation n’est pas forcement préjudiciable à la croissance économique : dans un monde où la quantité de monnaie est fixe le progrès technique , l’intensification de la division du travail (et donc de la spécialisation) se traduiront par une baisse des prix. Mais pour autant, cette tendance continue à la hausse du pouvoir d’achat ne bloquerait pas l’évolution du capitalisme : la façon de penser du public s’adapterait à cet état de la nature.

L’internationalisation de l’inflation est un caractère essentiel de la période contemporaine. On assiste, de l’avis des auteurs étudiés, à une politisation croissante de la monnaie notamment depuis le début du XXème siècle : l’abandon de l’étalon or et du régime de change fixe signifie qu’il n’existe plus aucun moyen d’entraver l’inflation. Les désordres qu’induisent les politiques monétaires nationales prennent toute leur ampleur avec la croissance de la quantité de monnaie mondiale permise par le Gold Exchange Standard et encore plus par les taux de change flottants car aucun des systèmes actuels n’exercent plus de contrainte par la balance des paiements sur les politiques monétaires actuelles.

Le régime de Gold Exchange Standard est défini comme une convertibilité qu’on peut appeler de second rang avec l’or : en effet, la monnaie d’un pays qui adopte ce système n’est plus définie par rapport à l’or mais liée à une autre monnaie (le dollar) qui elle même est convertible en or. Mises déplorait ainsi que le prix de l’or soit fixé par le Federal Reserve Board et perde ainsi son caractère essentiel en cessant être une marchandise dont le prix échappe à l’influence des gouvernements.

2) Quelques règles générales de régulation

Mises énonce quelques règles d’actions : la politique monétaire qui tend à assurer la plus grande stabilisation possible du pouvoir d’achat de la monnaie ne peut réussir que s’il existe la propriété privée des moyens de production (voire deuxième partie : la banque libre). Mises est particulièrement hostile à tout interventionnisme étatique dans la sphère économique : les gouvernements doivent limiter leurs dépenses au niveau des prélèvements fiscaux. La quantité de monnaie dans l’économie est en effet toujours suffisante au regard des besoins.

Hayek développe la proposition de la "constance du volume de monnaie" : des 1929, il remarque que seule la constance de la quantité de monnaie (MV= constante) doit être l’objet de la politique monétaire quelques soient les changements intervenus. Cette politique de prudence est justifiée par notre ignorance en matière économique, les conséquences de la thésaurisation, de la découverte de nouveaux gisement d’or ou le développement des crédits bancaires étant en effet mal appréhendées. Dans la quatrième conférence de prix et production, Hayek affirme qu’une hausse de la production ne peut justifier une hausse du crédit.

Les variations de ce qu’on appelle habituellement vitesse de circulation de la monnaie correspond en réalité à une variation du montant de monnaie en circulation (M). Ce n’est donc pas la constance de la masse monétaire (M) qui est souhaitée, mais un flux de monnaie constant (MV). Il est vrai poursuit Hayek que la quantité de monnaie en circulation dans une économie ouverte sera toujours sujette à des fluctuations, ce qui rend difficilement applicable le concept de constance de la quantité de monnaie. Hayek conclut que la politique monétaire ne sera pas perturbatrice si trois conditions sont respectées : d’abord un volume de monnaie inchangé, ensuite l’absence de toute rigidité des prix et finalement que tous les contrats à long terme soient basés sur une anticipation correcte du mouvement des prix futurs. En résumé, autant de conditions qui sont irréalisables dans un monde autrichien.

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