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Monnaie privée

samedi 22 avril 2006

En Écosse, entre 1750 et 1850, la monnaie était entièrement privée. Une
trentaine de banques émettaient de la monnaie. Chaque banquier garantissait
d’échanger chaque billet de banque par une certaine masse d’or. La masse
monétaire totale émise par ces banques privées fut environ dix fois
supérieure à la masse d’or détenue par ces banques. Ce système monétaire
fonctionna avec satisfaction pendant une centaine d’années, malgré la
faillite d’une des banques. Un millier de clients en furent alors victimes,
mais pour des faibles sommes.

Une monnaie privée pourra exister dans un pays lorsque l’État adaptera le
droit, les règles comptables et la fiscalité afin de ne pas rendre
l’utilisation d’une monnaie privée plus coûteuse que l’utilisation de la
monnaie de la Banque Centrale actuelle. La nature d’une monnaie privée
serait alors de la même nature que tout titre financier. Une monnaie privée
serait alors un contrat librement cessible, rédigé par l’émetteur de
monnaie, c’est-à-dire une banque privée, sans responsabilité de la Banque
Centrale. La nature d’une monnaie privée est donc celle d’un titre
financier, contrat entre l’émetteur et le possesseur du titre.

Ce contrat est alors nommé « contrat de monnaie ». Ce contrat de monnaie
définit les conditions d’utilisation de la monnaie émise par le banquier
privé. En particulier, ce contrat de monnaie définira les conditions par
lesquelles l’émetteur garantit la valeur et la liquidité de sa monnaie. Le
contrat de monnaie définira aussi l’étalon de mesure de la valeur de la
monnaie. Cet étalon de mesure de la valeur ne sera pas déterminé par le
banquier lui-même. Par exemple, un tel étalon de valeur fut une certaine
masse d’or pour les monnaies écossaises de 1750. L’étalon de mesure de la
valeur des billets pourrait aussi être le dollar, même en l’absence
d’autorisation de la Fed. L’étalon de mesure pourrait aussi être lié un
indice calculé par un organisme indépendant du banquier, un indice des prix
par exemple. Le contrat de monnaie pourra éventuellement expliquer comment
les comptes de la banque sera contrôlée par des cabinets d’expertise
comptable afin qu’un plus grand nombre d’utilisateurs lui accordent leur
confiance. Le contrat de monnaie mentionnera aussi la procédure à suivre en
cas de manque de liquidités des actifs, voire en cas de banqueroute.

La solvabilité et la liquidité sont deux missions essentielles d’un banquier
émetteur de monnaie privée. Un banquier est solvable lorsqu’il détient des
actifs d’une valeur suffisante pour honorer ses engagements. Un banquier
doit détenir suffisamment de liquidité pour répondre à la demandes des
usagers qui souhaiteraient lui revendre sa monnaie.

La solvabilité du banquier signifie que la valeur de ses actifs reste
supérieure à la masse monétaire qu’il a émise. L’essentiel des actifs de
l’émetteur d’une monnaie sont les créances qu’il possède. Pour un banquier,
une créance a plus de valeur que la monnaie qu’il prête en échange, sinon,
il ne prêterait pas. Le banquier veillera à ce que la valeur de ses actifs
restent durablement supérieure à la masse monétaire qu’il a émise. Un
éventuel manque de solvabilité du banquier privé peut provenir d’une trop
grande masse de créances douteuses, mais peut aussi provenir d’une mauvaise
gestion financière de ses actifs.

Afin d’augmenter la liquidité de ses actifs, le banquier privé devra aussi
trouver des accords commerciaux avec d’autres banques qui pourront, le cas
échéant lui prêter des devises ou racheter certaines de ses créances.

La masse monétaire d’une monnaie est égale au montant nominal des créances
diminué des remboursements. A chaque instant, le gain théorique du banquier
émetteur de monnaie privée est égal à la masse monétaire multiplié par le
taux d’intérêt.

Un avantage d’une monnaie privée est que sa valeur déterminée uniquement par
un contrat privé. Sa valeur est à l’abri des décisions politiques d’un Etat.

En cas de banqueroute d’une banque privée, les contrats passés entre les
divers agents économiques qui utilisaient cette monnaie restent valides. En
effet, l’étalon de mesure des valeurs servant aux contrats reste valide,
donc les agents économiques peuvent continuer l’exécution de leurs contrats
en utilisant le même étalon de mesure comme fondement de la valeur des
échanges. La banqueroute d’une banque privée provoque une perte des agents
économiques qui détenaient de la monnaie au moment de la banqueroute. Si,
par exemple, la valeur des actifs de la banque chute soudain et passe à 90%
de la valeur de la masse monétaire, la perte totale subie par les
utilisateurs pourrait être égale à quelques 10% de la masse monétaire.

Une monnaie étatique peut se définir comme une monnaie privée dans laquelle
la loi aurait remplacé le « contrat de monnaie » privé.

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