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Taxe Tobin et OMC

samedi 16 mars 2002

Les auteurs réclament un audit sur toutes les conséquences de la mondialisation et en particulier sur le respect par l’OMC de la Déclaration universelle des Droits de l’homme et de toutes les conventions internationales. Ils défendent l’idée de la taxe Tobin, projet déjà rejeté par l’Assemblée nationale. Cette taxe frapperait les capitaux des spéculateurs, et ses ressources seraient affectées au financement du développement des pays pauvres.

Dans un registre presqu’identique, Charles Pasqua, dans Le Monde du 29 octobre 1999, compare le cycle de Seattle dit "du millénaire" au "Reich millénaire" !! Rester poli devant de telles énormités me demande un effort très conséquent.

En premier lieu, l’OMC représente un net progrès par rapport à son prédécesseur, le Gatt. Ce dernier n’était qu’un accord général sur la réduction concertée des tarifs douaniers, par toujours mulitlatéral. L’OMC dote l’ex-Gatt d’un organe de règlement des différends (ORD), et la différence est de taille. Dans toutes les affaires spectaculaires (le boeuf aux hormones américain interdit en Europe, les Organismes génétiquement modifiés (OGM, la banane, etc.), c’est l’ORD qui est intervenu pour prendre en charge les contentieux entre les Etats. Les gens d’ATTAC ont-ils connaissance de cet embryon de justice commerciale mondiale, dont la jurisprudence est appelée à prendre un poids énorme du fait des intérêts en jeu ? Il est permis de se le demander. Il est très largement préférable que la négociation se fasse dans un cadre multilatéral plutôt que dans des face-à-face de la puissance dominante avec chacun de ses partenaires.

Par ailleurs, en rien le commerce international bafoue les Droits de l’homme. Le coefficient de liberté humaine que l’OCDE ne publie plus sous la pression de certaines dictatures dirigistes était à cet égard un signe très évocateur. En quoi le relèvement des droits de douane favoriserait-il la lutte contre le travail des enfants ? C’est par la concertation multilatérale, commerciale aujourd’hui, réglementaire demain, que l’OIT (Organisation mondiale du travail) se verra doté d’un pouvoir de sanction, celui-là même que détient à présent l’OMC. Je conseillerai à tous ces cinéastes, actrices et acteurs de jouer dans un remake de Don Quichotte : ils ont tous des prédispositions en la matière.

Par ailleurs, il faut noter que la propositon de taxe de l’ATTAC est très éloignée de la taxe proposée par Tobin. Ce dernier n’envisageait qu’une taxe très faible, de 0,1 % du montant des capitaux transférés. L’ATTAC envisage des taux beaucoup plus élevés. Mais de surcroît, même un taux de 1 % serait parfaitement inefficace à l’égard de spéculateurs qui visent des gains de 5 à 10 % au moins. Mais surtout, et c’est là évidemment le point important, les spéculateurs en question jouent un rôle non pas nuisible mais positif. Mieux, indispensable.

Ils permettent aux opérateurs du commerce international, importateurs comme exportateurs, de se prémunir contre le risque de change : c’est le mécanisme de la couverture. Le besoin de couverture des opérateur du commerce international ne diminuera pas, il augmentera certainement. Par conséquent, les "spéculateurs" apporteront toujours la liquidité nécessaire à ce qui n’est qu’une forme d’assurance. Au pire, le taux d’intérêt qu’ils réclameront sera plus élevé, voilà tout.

Le délire anti-OMC montre que la France n’a pas perdu sa vieille tradition de l’intellectuel contestataire, homme du culturel mis en situation d’homme du politique. Mais la crédibilité de Michel Piccoli ne sera jamais celle de Raymond Aron.

Nach


Petite devinette extraite du site libre-échange

Alors que les manifestations contre l’organisation mondiale du commerce se multiplient et que les critiques contre les détenteurs de capital se font plus acerbes, nous avons voulu nous livrer à un petit exercice. Suivent des extraits d’un ouvrage, d’un auteur et d’une époque que vous devrez identifier.

“Le seul auquel la nouvelle économie profite est l’actionnaire détenteur du capital des entreprises françaises. Il y a là une véritable conquête de toute une nation par une minorité infime mais cohésive. Quelques individus s’approprient par un vaste processus d’appropriation collective le bénéfice du travail d’autrui. Les immenses fortunes amassées par les financiers et actionnaires ne sont le fruit d‘aucun labeur effectif, d’aucune production. [George Soros] et ses condisciples n’ont fait aucune invention, n’ont défriché aucune terre de notre chère patrie. Ils prélèvent leur fortune sur les Français sans rien leur donner en échange.”

“L’expropriation de la société par le capital mobile s’effectue avec autant de régularité que si c’était là une loi de la nature. Si rien n’est fait, le peuple français sera livré pieds et poings liés dans quelques années aux banquiers.“

"A ces gains fabuleux, ajoutons les innombrables affaires financières et industrielles qui ont attiré l’argent des actionnaires avec des pompeuses promesses. Pensons à ces milliards de francs apportés à ces entreprises par des ouvriers et travailleurs économes et on aura l’idée de ce que les financiers ont pu extraire de cette France laborieuse."

"Aujourd’hui, la finance est devenue toute puissante"

.......

A qui peuvent bien appartenir ces extraits ? Arlette Laguillier ? Le grand capital nous ment nous dira-t-elle. Robert Hue ou bien une certaine frange du PS français ? La bourse ne fait pas toujours l’unanimité. Enfin, certains courants xénophobes de la droite française ? On reconnaît le discours de la dénonciation des étrangers (souvent Américains).

Toutes ces réponses sont bien éloignées de la réalité. Ces phrases sont extraites de l’introduction du 8 décembre 1885 de l’ouvrage antisémite du XIXe siècle, la France juive d’Edouard Drumont. Il suffit de remplacer banquiers, financiers, spéculateurs par le mot de juif et l’on retrouve le discours d’origine. Bien sûr, Nöel Mamère et autres opposants au libre échange ne sont pas antisémites lorsqu’ils critiquent les marchés financiers qui détruisent les emplois. Pourtant, leurs discours sont calqués sur ceux qui ont été très entendus à la fin du siècle dernier. L’ouvrage de Drumont a été un best seller et a fait l’objet de nombreuses rééditions.

Le temps n’a pas suspendu son vol depuis un siècle. Les discours sont les mêmes, les accusations similaires. La haute finance, les actionnaires, les grands capitalistes servent de bouc émissaire. D’ailleurs, la meilleure preuve du complot (des spéculateurs et actionnaires contre les travailleurs) réside dans l’absence de preuve.

Libre-échange


James Tobin : les antimondialistes "détournent mon nom"

01/09 17:07 : Les militants antimondialistes partisans de la taxe Tobin sur les transactions financières "détournent mon nom", s’indigne le prix Nobel américain James Tobin à l’origine de l’idée, dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel à paraître lundi.

"Je n’ai pas le moindre point commun avec ces +casseurs de carreaux+ antimondialisation", souligne l’économiste, qui estime que les positions de mouvements comme Attac (Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens) "partent d’un bon sentiment mais sont mal pensées".

Selon James Tobin, beaucoup de militants antimondialisation ont avant tout pour but de lutter contre l’expansion des marchés libres. L’inventeur de la Taxe Tobin se dit au contraire "un partisan du libre commerce".

Un mouvement comme Attac souhaite utiliser la taxe sur les transactions financières pour "financer ses projets pour un monde meilleur", critique M. Tobin. "Pour moi, les rentrées financières ne sont précisément pas l’essentiel. Je voulais freiner le commerce des devises".

S’il continue à y croire, il redoute que cette taxe n’ait "aucune chance" d’être un jour mise en place. "Les acteurs décisifs de la scène financière internationale sont contre".

L’idée, formulée par James Tobin dans les années 1970, a comme double objectif de freiner les flux de capitaux spéculatifs à court terme et de financer le développement des pays pauvres en s’appliquant uniquement aux transactions sur les monnaies et non aux autres marchés (comme par exemple celui des matières premières).

Vendredi encore, les ministres des Finances allemand Hans Eichel et français Laurent Fabius n’ont pas caché leur scepticisme face à cette taxe. Interrogé par le Spiegel, M. Eichel précise qu’elle ne "pourrait fonctionner que si elle était introduite dans tous les pays du monde. C’est illusoire."


James Tobin : "On s’est abusivement servi de mon nom pour des priorités qui ne sont pas les miennes"

LE MONDE | 08.09.01 | 12h31

James Tobin, prix Nobel d’économie en 1981 et professeur d’économie à l’université de Yale jusqu’en 1988, proposa en 1972 une taxe sur les échanges monétaires internationaux, afin de "mettre un grain de sable dans le système capitaliste". Cette proposition a depuis été largement reprise par les mouvements qui s’opposent à la mondialisation de l’économie. Dans une interview à l’hebdomadaire allemand "Der Spiegel", que nous reproduisons ici, il accuse ceux qu’il nomme "les casseurs de carreaux" d’avoir "détourné son nom"

– M. Tobin, vous êtes là tranquillement, imperturbablement assis au bord de ce lac, pendant que les opposants à la mondialisation en Europe font la révolution sous votre nom. Cela ne vous incite-t-il pas à quitter votre banc et ce jardin ?

– Certainement pas. Je n’ai rien de commun avec les praticiens de cette révolution contre la "mondialisation".

– L’organisation contestataire Attac a commencé par emprunter votre nom ; les opposants à la mondialisation réclament une taxe Tobin. N’est-ce pas pour vous aujourd’hui une satisfaction, trente ans après en avoir fait la proposition, que votreidée de taxe contre la spéculation sur les opérations de change trouve enfin des défenseurs ?

– J’apprécie l’intérêt qu’on porte à mon idée, mais beaucoup de ces éloges ne viennent pas d’où il faut. Je suis économiste et, comme la plupart des économistes, je défends le libre échange. De plus, je soutiens le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), tout ce à quoi ces mouvements s’en prennent. On détourne mon nom.

– Attac veut l’instauration d’une taxe sur les opérations de change. Son objectif est d’exercer un contrôle sur le marché des capitaux et d’utiliser les sommes perçues à renforcer l’aide au développement dans le tiers monde. Cela n’a-t-il rien à voir avec vos recommandations ?

– J’ai effectivement suggéré que les recettes de la taxe soient versées à la Banque mondiale. Cet impôt visait à limiter les fluctuations des taux de change. L’idée est simple : il s’agit d’effectuer sur chaque opération un prélèvement minime équivalant, disons, à un demi pour cent de la transaction. De quoi faire fuir les spéculateurs. Car beaucoup d’investisseurs placent à très court terme leur argent sur les monnaies. Si cet argent est brusquement retiré du marché, les pays doivent relever leurs taux d’intérêt dans d’importantes proportions afin que la devise reste attractive. Or, des taux d’intérêts élevés sont souvent catastrophiques pour l’économie intérieure, comme le montrent les crises qui ont frappé le Mexique, l’Asie du Sud-Est et la Russie dans les années 90. La taxe Tobin redonnerait une marge de manœuvre aux banques centrales des petits pays pour lutter contre la tyrannie des marchés financiers.

– Faire fuir les spéculateurs, lutter contre la tyrannie des marchés financiers, n’est-ce pas le langage des adversaires de la mondialisation ?

– Je crois que, pour l’essentiel, les recettes de la taxe les intéressent, avec lesquelles ils entendent financer leurs projets de développement. Mais ces prélèvements ne constituent pas mon objectif premier. J’ai voulu ralentir les transactions financières. Les recettes ne sont, pour moi, que secondaires.

– Quel mal y-a-t-il à employer le produit de la taxe à une bonne cause ?

– Aucun. Je serais heureux si ces sommes parvenaient aux déshérités de la planète

– Estimez-vous que les adversaires de la mondialisation vous ont utilisé à tort ?

– J’estime être aujourd’hui mal compris. J’estime aussi qu’on s’est abusivement servi de mon nom pour des priorités qui ne sont pas les miennes. La taxe Tobin n’est en rien un tremplin pour les réformes dont ces gens veulent. Mais que faire ?

– Ne créditez-vous pas au moins vos "fans" de bonnes intentions ?

– Leurs intentions sont bonnes, j’imagine, mais les propositions qu’ils font manquent de réflexion. A moins que simplement je ne comprenne pas.

– Qu’est-ce qui vous a poussé à concevoir la taxe Tobin en 1972 ?

– Je suis avant tout un disciple de Keynes qui, dans le fameux chapitre 12 de sa Théorie générale sur le krach de 1929, propose de taxer les mouvements de capitaux afin de lier plus durablement les investisseurs à leurs actifs. En 1972, j’ai appliqué cette taxe aux marchés des changes. Les Etats-Unis quittaient le système de changes fixes décidé à Bretton Woods. Parallèmement, les transactions électroniques promettaient de considérablement accroître la vitesse et le nombre des transactions. J’ai voulu ralentir ce processus afin de réduire la spéculation et la volatilité des taux de change. Aujourd’hui où chacun peut à tout moment effectuer des transactions financières sur son ordinateur personnel, les problèmes que je prévoyais se sont multipliés.

– Le Premier ministre français, Lionel Jospin, s’est tout récemment prononcé en faveur de la taxe Tobin ; c’est le premier chef de gouvernement à le faire. Sur la scène internationale, plus de trois cents parlementaires se sont à ce jour ralliés à l’idée de cette taxe. Sa mise en place, cependant, doit intervenir partout dans le monde en même temps, si l’on veut éviter que certains n’y échappent et que n’apparaissent des paradis fiscaux. A qui confier une telle préparation ? A une instance internationale spécialement créée à cet effet ?

– Le FMI pourrait en être chargé. Il possède l’expérience du système des changes. Presque tous les pays y adhèrent.

– Le FMI, vraiment ? Dont on considère qu’il est au service du capitalisme mondial et qu’il doit être supprimé et pas seulement parmi les adversaires de la mondialisation ?

– Je pense, au contraire, que le FMI doit avoir son pouvoir renforcé et élargi. Il a, certes, commis beaucoup d’erreurs – c’est indiscutable – mais, comme la Banque mondiale, il dispose de beaucoup trop peu de moyens pour aider ses pays membres, en particulier les économies les plus pauvres et les moins développées. La Banque mondiale et le FMI ne font pas partie d’une conspiration qui a pour nom mondialisation.

– Ceci est-il vrai aussi de l’Organisation mondiale du commerce ?

– Certainement. Son prédécesseur, le GATT, a fait beaucoup pour le développement du commerce mondial.

– Ce n’est pas l’avis de tout le monde. En 1999, la réunion de l’OMC à Seattle a échoué en raison des pressions exercées par des dizaines de milliers d’opposants à la mondialisation.

– L’OMC a peut-être besoin de pouvoirs accrus, vis-à-vis des Etats-Unis, notamment. Elle devrait, par exemple, avoir les moyens d’interdire aux pays industrialisés d’instaurer des barrières douanières qui empêchent les importations en provenance des nations en développement.

– Le fait est que les pays industrialisés inondent de leurs produits les marchés du tiers monde et utilisent ces nations pour leur main d’œuvre bon marché.

– Je crois que cette idée d’ensemble que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce sont les ennemis des pays en développement est une erreur. Les problèmes de la mondialisation ne seront pas réglés en s’opposant à ce qu’elle aille de l’avant. Tous les pays, comme leurs habitants, tirent profit du libre échange des biens et des capitaux.

– Pourquoi, alors, la pauvreté a-t-elle progressé ?

– C’est absolument faux. Prenons la Corée du Sud, qui en 1960 était un pays extrêmement pauvre. Elle fait aujourd’hui partie des grandes nations industrialisées. Il en est de même de beaucoup d’autres "Tigres", en dépit de la crise que l’Asie du Sud-Est a connue il y a trois ans. Ces pays restent à l’heure actuelle plus prospères qu’ils ne l’étaient il y a trente ans. Et cela, grâce au commerce et aux capitaux étrangers.

– Des nations peuvent, à titre individuel, s’en sortir avantageusement, mais d’une manière générale les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent. Le nieriez-vous ?

– La pauvreté peut avoir bien des causes. La plupart de ces causes sont inhérentes aux pays mêmes. Ils n’amélioreront pas leur situation en prenant les mesures que prônent les opposants à la mondialisation, telles que l’adoption partout dans le monde des conditions de travail des nations occidentales. Cela réduirait la compétitivité des produits des pays pauvres sur les marchés des pays riches.

– Vous accusez donc Attac de mal défendre les pauvres ?

– Je ne connais pas vraiment dans le détail ses propositions. Les manifestations dont vous parliez ont été passablement incohérentes, j’ignore cependant si elles reflètent l’état d’esprit d’Attac. Ces prises de position reposent, d’une manière générale, sur de bonnes intentions, mais elles ne sont pas suffisamment approfondies. Je refuse tout simplement d’y être associé.

– Avez-vous parlé aux représentants d’Attac ?

– Son président, Bernard Cassen, m’a un jour appelé pour me demander de venir à Paris. L’idée était que j’apparaisse devant quelques milliers de ses partisans enthousiastes.

– Que lui avez-vous répondu ?

– J’ai décliné l’invitation, pour des raisons familiales et parce que ne ne voulais pas qu’on m’assimile aux objectifs d’Attac. Il ne me les avait pas exposés ; je n’avais pas pris part à leur formulation. Je n’ai plus eu aucune nouvelle depuis.

– Comment expliquez-vous que votre taxe ait beaucoup de défenseurs parmi les militants politiques, mais soit condamnée par les experts économiques ?

– Il n’en va pas toujours ainsi. Les économistes, pour la plupart, se désintéressent simplement de ma proposition. Beaucoup de livres et d’articles traitent de la taxe Tobin, certains sont favorables, d’autres hostiles, d’autres encore entre les deux.

– Rudi Dornbusch qui enseigne au Massachusetts Institute of Technology est critique ; Robert Mundel, prix Nobel d’économie comme vous, estime que votre taxe est une idée "sotte".

– J’espère qu’ils font référence à Attac et aux autres mouvements de ce type, pas à la taxe même. Mais je veux bien croire que Dornbusch et Mundell y soient opposés.

– George Soros, par exemple, le plus célèbre des spéculateurs, préconise votre taxe pour lutter contre les spéculateurs justement. Est-ce qu’ici aussi l’éloge ne vient pas d’où il faut ?

– George Soros s’est exprimé oralement et par écrit en faveur de ma proposition. Il sait évidemment de quoi il parle. Il a gagné beaucoup d’argent sur les marchés financiers. Ce n’est pas là un péché en soi. Il a, par ailleurs, des idées fort peu orthodoxes en ce qui concerne le système mondial des devises. Les ministres des finances du monde entier ont plus de raisons de se méfier de lui que de moi, car Soros a les moyens de mener à bien ses projets.

– Croyez-vous que votre taxe sera un jour appliquée ?

– Certainement pas, hélas ! Les décideurs sur la scène internationale y sont opposés.

– Les ministres européens des finances doivent en discuter à Liège fin septembre.

– C’est un faux semblant, je doute qu’ils songent sérieusement à l’instaurer. Ils ne veulent pas s’encombrer d’une taxe de plus. Les ministres des finances qui comptent dans le monde y sont hostiles, dont le Secrétaire américain au trésor, de Clinton comme de Bush.

– Pourquoi ne pas protéger notre marché des devises en revenant simplement au vieux système des taux de change fixes, dans lequel les banques centrales des pays adhérents maintiennent la stabilité de la monnaie ?

– Le système a été testé et il a échoué. Des spéculateurs comme Soros pouvaient rouler les banques centrales. Voyez ce qui est arrivé à l’Argentine, qui a lié entièrement son peso au dollar américain. Ce qui se passe dans ce pays est un désastre, un désastre absolu. Des taux de change immuables sont une invite à la spéculation. Les opérateurs parient sur la volonté et sur la capacité des banques centrales à défendre les taux établis. Le système des taux de change fixes est passé de mode, et c’est tant mieux.

Traduit de l’anglais par Sylvette Gleize

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