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Crise des subprimes

Crise financière : Entre réglementation et liberté d’entreprendre

mardi 7 octobre 2008

Comme dans la crise des "Savings and Loans" en 1986, l’administration et le Parlement américain ont laissé les grandes sociétés d’hypothèque pratiquer des conditions de crédit dépassant très largement les capacités des emprunteurs.

Il faut savoir que les chroniqueurs du Wall Street Journal attaquent depuis des années les deux grandes sociétés de crédit hypothécaire Freddy Mac et Fannie Mae et dénoncent une gestion non seulement à tout va mais corrompue, les dirigeants de ces deux sociétés étant les créatures du parti démocrate, avec des traitements défiant toute concurrence, faveurs qu’ils retournent et au parti démocrate et à leurs dirigeants comme le sénateur Christofer Dodd du Connecticut actuellement accusé d’avoir reçu des prêts à des taux incroyablement bas mais qui se trouve fort opportunément être un membre clé de la Commission des appropriations qui supervise ces deux sociétés. Deux des anciens dirigeants de Fannie Mae ont d’ailleurs été condamnés. Rappelons que ces deux entreprises représentent 5.000 milliards de dollars de prêts et qu’elles ne pouvaient subsister que grâce à la protection implicite de l’Etat américain garantissant leurs emprunts.

Ce qui a amplifié la crise, c’est l’invention de la titrisation [1] permettant de répartir le risque hypothécaire sur une population beaucoup plus large, mais là encore l’Etat américain ou plutôt tous les états ont été déficients en laissant faire sans créer un minimum de garde-fous.

Lorsqu’une société émet des actions, celles-ci sont complètement répertoriées et en France au moins, l’on sait qui en sont le ou les propriétaires ; les comptes doivent être publiés suivant des règles comptables strictes, etc. En un mot, l’Etat a imposé une transparence qui est la condition pour qu’un marché informé puisse fonctionner et permette des évaluations raisonnées de la valeur des titres.

En laissant la titrisation des prêts hypothécaires s’envoler mais sans aucune obligation déclarative, on en est arrivé au stade où plus personne ne sait qui a quoi et où les agences de cotation – qui dans ce domaine ont aussi leur responsabilité - sont devenues incapables d’offrir des évaluations sérieuses des risques.

Les mouvements de gauche s’emparent de cette crise pour dénoncer le libéralisme. Mais le libéralisme n’a jamais été le laisser-faire auquel nous avons assisté, le libéralisme c’est laisser aux individus le maximum d’initiative sans laquelle la créativité s’éteint, mais en les enserrant dans un certain nombre de règles pour éviter des débordements qui pénalisent l’ensemble.

La morphine est un médicament remarquable pour contrôler la douleur, mais un désastre social et humain si elle était en vente libre.

C’est à travers les crises que l’humanité a appris peu à peu ce qui est bon et mauvais pour elle ; et à construire un équilibre délicat entre liberté d’entreprendre et interventionnisme de l’Etat.

Ce n’est pas la liberté d’entreprendre seule ou le renforcement massif du rôle de l’Etat qu’il faut rechercher mais le point oméga qui maximise l’initiative individuelle tout en prévenant les débordements. L’Etat doit intervenir mais ne pas en profiter pour accroître son poids déjà trop lourd, en France du moins.


[1Transformation de créances en titres financiers échangeables sur les marchés des capitaux

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