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Starship Troopers : étoiles, garde à vous !

Un article du blog de Copeau

vendredi 15 avril 2005

J’avais perdu ce billet suite à une mauvaise manipulation. J’ai donc attendu plusieurs semaines avant de le reprendre, afin de ne pas chercher à me souvenir de ce que j’avais écrit initialement. Je préfère repartir de zéro, même si le résultat final n’est pas satisfaisant.

En notant sur un bout de papier les thèmes de billets qui me passent par la tête, je me rends compte que le simple fait de parler de ce que j’ai aimé rend quasi intarissable ce blog. Tel est le cas de Starship Troopers, le film du très néerlandais Paul Verhoven.

Film controversé s’il en est, perçu par la majeure partie de la critique américaine comme une ode aux sympathies néofascistes, à un univers martial duquel la liberté est extraite. Mais film adulé, bien souvent, en Europe, par la même critique avisée. Le film a soulevé une polémique au sein de la critique américaine ; il a en effet été perçu comme une glorification d’un état totalitaire et expansionniste. L’allusion au nazisme y est flagrante, notamment dans le logo de la Fédération, qui n’est pas sans rappeler l’aigle de l’Allemagne nazie. Le film tombe dans le mauvais goût avec des scènes sanglantes, voire gore.

Venons-en au fait. Comme le dit TF1 (!) :

Au XXIVe siècle, le gouvernement de la Fédération règne sur terre en inculquant aux hommes trois préceptes fondamentaux : le devoir, l’ordre et la vertu. Mais dans la galaxie, une armée d’arachnides se dresse contre l’espèce humaine. Ces insectes énormes détruisent en peu de temps Buenos-Aires. Cinq jeunes étudiants, brillants et courageux, décident de partir à la rencontre des envahisseurs...

Je voudrais torde le cou à cette critique de néofascisme mou, à la manière de The Clansman dont j’ai parlé dans mon billet sur la guerre de Sécession. Qui parmi les critiques ont lu le livre d’Heinlein, dont le film de Verhoven n’est que l’adaptation ? Peu, sinon quasi aucun, à mon sens. Ce que montre l’auteur, et plus encore Paul, c’est la suffisance, la nuisance aussi, d’une société martiale dans laquelle il faut être militaire pour être citoyen. Ils montrent aussi à quel point la propagande gouvernementale peur être néfaste, avec ces scènes du début où des soldats proposent à des gamins de dix ans de jouer avec des fusils-mitrailleurs pour écraser des fourmis (Do you want to know more ?). Lorsqu’on sait à quel point les chaînes de télé publiques françaises, sans concurrence du privé, racontaient ce qu’elles voulaient jusqu’à la fin des années soixante-dix, l’effet macro de la science-fiction me semble pleinement justifié.

Le gore du film s’éloigne du roman d’Heinlein. Je pense que Paul voulait ainsi souligner plus encore l’aridité d’un tel régime dictatorial - et sa médiocrité, on se souvient des scènes de passation de pouvoir entre un général déchu et son successeur, plus nazis l’un que l’autre.

Je sais que Melodius n’est pas d’accord avec moi, mais je trouve le film bien supérieur au roman, une fois n’est pas coutume. Il semble toutefois que cela soit du en partie à la médiocrité de la traduction française.

Allons un peu plus loin. Je trouve que la réprésentation des humains dans cet univers est celui d’un monde parfait. Ils sont tous beaux, intelligents, riches. Ne leur manque que... la liberté, tiens. On ne peut pas tout avoir dans un monde autoritaire, mais qu’importe !, nos recrues vont s’engager dans l’armée, afin d’avoir le droit de voter, de fonder une famille même. Comme le dit une charmante Noire sous la douche, qu’elle prend avec non seulement des Blanches, mais des hommes aussi. Ceci me semble être le principal atout du film : une critique acide de l’autoritarisme, d’un régime militariste, et de la soumission de la liberté des hommes à leur place dans la Société, via la citoyenneté.

D’autres y ont vu un pamphlet anti-guerre. Pas moi. Du moins pas tout à fait.

Enfin, deux remarques. En premier lieu, la scène pour moi culte où les Bugs attaquent en masse un groupe d’humains qui inspectent un bâtiment en ruine au beau milieu du désert. J’ai rarement vu plus impressionnant. Ensuite, c’est un film qui nous donne la rarissime occasion de voir des petites starlettes de sitcoms ricains bien proprets et comme il faut de se faire bouffer la cervèle par de terribles insectes. Cela commence comme un épisode de Beverly Hills pour se terminer en grosse boucherie. Je suis toujours surpris de voir la plupart de mes amis de gauche adorer ce film, qui pourtant n’est que l’adaptation d’un roman libertarien bien connu dans mon (petit) milieu, sans rien savoir de ce point, et tout en aborrant bien sûr ce qu’ils considèrent comme une idéologie, précisément, plus ou moins fasciste, ou issue d’un quelconque cerveau dérangé.

Ceci dit, à la différence de Showgirls, qui marqua un coup d’arrêt probablement définitif à la carrière de Liz Berkeley, il n’en a pas été de même pour Denise Richards, après ce film [1]. Comme j’ai un faible pour les histoires tragiques et les météorites explosées en plein vol, je consacrerai donc un prochain billet à la blonde Elisabeth.


- Article paru initialement sur le blog de Copeau

- Article sur [Wikib


[1Hum, je ne sais pas si tourner dans Mortelle Saint Valentin ou dans Le Monde ne suffit pas constitue un progrès, mais bon...

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