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Un DVD gravé, un artiste fonctionnarisé

Un article du blog de Copeau

lundi 9 mai 2005

Lu dans les Echos de ce jour, un article sur l’implosion possible de la Commission d’Albis, qui fixe la rémunération sur les supports numériques vierges, du fait du lobbing de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques. Celle-ci exige, en effet, que la France augmente la taxation prélevée sur les ventes de DVD vierges (1,59 €, soit le plus cher de toute l’Europe). De plus, elle demande que les clefs USB, les disques durs de plus de 80 Go, et autres cartes flash, soient aussi soumises à la Dîme sinon à la Corvée.

Ce que ces charmantes personnes oublient de dire, c’est qu’en 2004, jamais les recettes prélevées sur les ventes de DVD et CD n’ont été aussi élevées (190 M€, en hausse de 15%). Autrement dit, aujourd’hui, la taxation perçue sur les supports numériques dépasse - et de loin - le montant de la participation des chaînes de télé au financement des films (124 M€). Comme le dit Gilles Sauvanaud, du Syndicat national des supports d’enregistrement (SNSE), qu’on ne peut assimiler à un hacker patenté,

Cette taxe, la plus forte d’Europe, engendre une distorsion de concurrence avec les autres pays. Les ayant-droits sont accrochés à leur magot (j’ajouterais : comme une sangsue à sa proie) et ne veulent pas bouger.

Le résultat est double : en 2004, 40 millions de DVD ont été vendus en France, soit l’un des plus faibles volumes d’Europe. Le prix trop élevé de ces supports pousse les consommateurs français à s’approvisionner à l’étranger (30 à 40% des volumes sont concernés).

On nous refait donc éternellement le coup des magnétoscopes. Lorsque les hommes de l’Etat ne parviennent pas à faire payer le contribuable, ils trouvent un autre stratagème. On pourrait d’ailleurs imaginer qu’ils le fassent : que chaque foyer possédant un PC paye une taxe, qui un beau jour, à la manière de la redevance télé, serait intégrée à la taxe d’habitation, par exemple.

Voyant l’impopularité de cette position, ils ont choisi la voie détournée de la taxation du consommateur. Le résultat est le même, bien sûr : la contrebande à la Robin des Bois [1]. Mais, messieurs des censeurs, messieurs les taxeurs, répondez s’il vous plaît à cette simple question : pourquoi les artistes devraient-ils être au crochet de l’argent du contribuable ? pourquoi faudrait-il payer pour des artistes qu’on n’apprécie pas, alors qu’on achète les CD de ceux qui nous plaisent ? pourquoi l’Etat devrait-il dicter nos choix ? pourquoi la culture devrait-elle vraiment être une marchandise, alors qu’on nous dit qu’elle n’a pas de prix ?


- Article paru initialement sur le blog de Copeau

- Illustration sous licence Creative Commons : Digital life


[1Il faut au passage le répéter : Robin des Bois est un héros libertarien, pas un héros anarchiste ou socialiste, ou papou ou tutti quanti. Il ne prenait pas aux riches pour donner aux pauvres, il prenait aux hommes de l’Etat, au shérif, pour donner aux pauvres. Ce qui change vraiment tout

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