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police numérique

Un article du blog de Copeau

jeudi 2 novembre 2006

Le Forum des droits sur internet (FDI) vient de publier ses recommandations, dans l’optique de la campagne présidentielle qui débute. En Grèce, un forum mondial se réunit en ce moment même. J’ai beaucoup de respect pour la première instance, qui après tout, issue du monde associatif, vaut bien mieux qu’un quelconque comité Théodule étatique.

ça ne l’empêche pas de faire des recommandations stupides. Passons sur les plus loufoques, comme celle qui consisterait à inclure dans les comptes de campagne des candidats les coûts des blogs ou sites qui entretiennent des "relations étroites" avec tel ou tel candidat. Attendu que sur internet tout ou presque est gratuit, de l’hébergement au temps passé à administrer un site, cela semble pour le moins... difficile à mettre en oeuvre.

Je ne citerai pas non plus le cas des vidéos associées, que tout un chacun peut mettre en ligne, et pour lesquelles le CSA s’est fort justement déclaré incompétent. Qu’à la rigueur la CNIL encadre la prospective politique par mail, et partant les spams politiques, passe encore, mais c’est bien le maximum.

Le FDI propose a contrario d’aller plus loin. Parmi ses autres recommandations, on trouve l’application plus ou moins fidèle des règles du code électoral. Les partis devront par exemple interdire les dons financiers en ligne en dehors des périodes électorales et s’assurer qu’ils proviennent de « personnes physiques ».

Au-delà, le FDI propose de mettre fin aux bandeaux publicitaires ou aux liens sponsorisés. De proscrire l’usage sauvage de mots-clés « qui portent atteinte aux droits des tiers ». Dans le premier cas, je ne vois pas très bien pourquoi il faudrait légiférer ou intervenir. Dans le second, les règles de code civil sont bine suffisantes, sans qu’il faille aller au-delà. L’idée qui consiste à règlementer un univers libre et spontané, voire auto-régulé, comme le net, est une idée stupide et néfaste. C’est le rêve de tous les gouvernements totalitaires. Pas le mien.

On se gargarisait il y a quelques années de l’absence de fiabilité de l’information sur internet, qui était démultiplée et souvent contradictoire. Or, quelques années plus tard, on voit bien que le système s’est régulé seul, car les internautes, par leur surf et l’expérience acquise, ont de fait accordé une crédibilité plus ou moins grande à tel ou tel site, tel ou tel blog. Etait-il nécessaire, et même bénéfique, de procéder à une intervention publique ? bien sûr que non, et il en est de même pour la communication politique.

Enfin, internet n’est pas qu’un espace de liberté. C’est aussi un espace de communication et d’échange. Afficher son opinion sur tel ou tel candidat, c’est aussi engager un dialogue avec d’autres internautes, du même avis ou d’un avis opposé. De la même manière qu’on le ferait autour d’un zinc, dans un repas de famille ou entre amis. C’est à mon sens très exactement ce principe même d’un échange non régulé, non soumis à autorisation préalable, et qui du coup échappe totalement à l’emprise des hommes de l’Etat mais aussi à celle des grands couturiers du prêt-à-penser, qui constitue le plus grand danger pour les censeurs de tout poil. Et c’est le fondement même de leur combat.


- Article paru initialement sur le blog de Copeau

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