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V pour Vendetta

Un article du blog de Copeau

dimanche 10 décembre 2006

Film edmondantesque de James McTeigue, avec la sublime Natalie Portman, Hugo Weaving, Stephen Rea

On a beaucoup parlé de ce film dans les milieux libertariens. En bien. En trop grand bien, à mon sens. Car s’il permet de passer un agréable moment, ce n’est tout de même pas le film de l’année 2006, loin de là. Voyons tout d’abord le synopsis, issu d’allociné.fr :

Londres, au 21ème siècle...

Evey Hammond ne veut rien oublier de l’homme qui lui sauva la vie et lui permit de dominer ses peurs les plus lointaines. Mais il fut un temps où elle n’aspirait qu’à l’anonymat pour échapper à une police secrète omnipotente. Comme tous ses concitoyens, trop vite soumis, elle acceptait que son pays ait perdu son âme et se soit donné en masse au tyran Sutler et à ses partisans.

Une nuit, alors que deux "gardiens de l’ordre" s’apprêtaient à la violer dans une rue déserte, Evey vit surgir son libérateur. Et rien ne fut plus comme avant.

Son apprentissage commença quelques semaines plus tard sous la tutelle de "V". Evey ne connaîtrait jamais son nom et son passé, ne verrait jamais son visage atrocement brûlé et défiguré, mais elle deviendrait à la fois son unique disciple, sa seule amie et le seul amour d’une vie sans amour...

Comme vous le savez certainement, V pour Vendetta est l’adapation cinématographique de la bande dessinée homonyme écrite par Alan Moore et illustrée par David Lloyd, qui vit le jour en 1981 dans le mensuel indépendant Warrior. Fans de la BD V for Vendetta, Andy Wachowski et Larry Wachowski avaient écrit une ébauche du scénario dans les années 90. Mais ils se sont ensuite lancés dans l’aventure Matrix, qui les a mobilisés durant dix ans. Pendant la post-production des deuxième et troisième volet de la trilogie-culte, ils ont écrit une nouvelle mouture du script, et ont confié le soin de réaliser le film à leur premier assistant James McTeigue, qui signe ainsi son premier long métrage. Et ça se ressent, car la réalisation est à mon sens un peu à la peine. Ce n’est certes pas Joe d’Amato, mais voilà bien là, me semble-t-il, le gros point faible du film.

A propos de la complexité du personnage principal, James McTeigue note : "V est, d’un côté, un altruiste qui se croit capable d’amener de grandes réformes, et de l’autre, un tueur prêt à tout pour se venger de ses tortionnaires." Le comédien Hugo Weaving souligne pour sa part : "C’est un homme complexe et ambigu. Il a été emprisonné et soumis à d’atroces tortures physiques et mentales. C’est un assassin en même temps qu’un vengeur, un homme cultivé qui croit profondément en la liberté individuelle et lutte sans relâche pour restaurer la dignité de son peuple." Natalie Portman ajoute de son côté : "Dans ce film, V est davantage une idée qu’une personne. On peut abattre un homme, mais pas un concept. V incarne la vérité, la résistance et l’individualisme, une forme d’idéalisme politique étroitement mêlée à des pulsions vengeresses." Ce mélange d’anarchisme, de foi en la justice et d’individualisme (ce dernier aspect est pratiquement toujours occulté ou mésestimé) renvoit bien évidemment aux fondements mêmes du libertarianisme.

La phrase d’accroche de l’affiche, qui mentionne la date du 5 novembre ("Remember, remember, the fifth of november" / "Rappelle-toi, rappelle-toi, le 5 novembre") fait référence au 5 novembre 1605, date à laquelle un catholique du nom de Guy Fawkes et ses amis conspirateurs ont essayé de faire exploser le Parlement (alors que le roi James Ier se trouvait à l’intérieur) car ils étaient en désaccord avec la politique du Roi concernant les Protestants. Mais le complot, appelé "Conspiration des Poudres" a été découvert. Ainsi, Guy Fawkes et ses amis ont été exécutés pour trahison. A la suite de cette atteinte à la royauté, le 5 novembre est devenu une célébration en Angleterre consistant à brûler des représentations de Guy Fawkes tout en allumant des feux d’artifices. "Fawkes fut un des premiers anarchistes. Il nous sembla une excellente source d’inspiration pour notre personnage", confie David Lloyd.

Les auteurs de la bande dessinée reconnaissent que leur objectif était de dénoncer la politique thatchérienne :

Notre attitude à l’égard du gouvernement ultraconservateur de Margaret Thatcher se reflète dans notre peinture d’un État policier et fasciste

confie Lloyd, qui ajoute :

La motivation première de V est la destruction de ce système (...) le message clé est que chaque individu doit pouvoir conserver son autonomie et sa liberté. Il a le droit et même le devoir de s’opposer au conformisme ambiant (...) V s’y oppose de manière frontale en s’attaquant aux organisations gouvernementales et en exécutant les partisans du régime. Cette histoire n’illustre pas seulement un combat contre la tyrannie. Elle parle aussi du terrorisme et de ses justifications éventuelles.

A noter au passage la filiation directe de ce film avec l’oeuvre d’Orwell, et le film 1984 qu’en a tiré Michael Radford, puisque le héros, incarné par John Hurt, est le dictateur chancelier de V pour Vendetta.

En ces temps de sarkozisme et d’encadrement militaro-ségolistes, le clin d’oeil à l’actualité me semble assez évident. Si le film n’est pas particulièrement brillant, sans être la dernière des merdes, le fond reste capital. Ce qui n’est déjà pas si mal.

Au passage, je voudrais souligner le rôle phare de Natalie, plus belle que jamais, et - pardon, mais on est Copeau ou on ne l’est pas ! - l’un des plus belles paires de fesses du cinéma de l’année, dans la scène où, de dos, elle apporte des documents aux producteurs de la chaîne de télé gouvernementale dans laquelle elle travaille. A voir, rien que pour cela.


- Article paru initialement sur le blog de Copeau

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