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Sixième mythe : Il n’y aurait de républicains qu’à gauche

jeudi 9 juillet 2009

Du début de la IIIe République à la Première guerre mondiale

En 1871, les républicains étaient divisés en deux groupes, l’Union républicaine de Gambetta et la Gauche républicaine de Ferry et Grévy. Le premier groupe était, il est vrai, largement à cheval sur « 1789 » et « 1793 ». Ils firent toutefois des concessions nécessaires aux orléanistes pour que les lois constitutionnelles de 1875 puissent être votées. Les leaders de l’autre groupe, Waddington [1], Léon Say [2], Agénor Bardoux [3], Jules Simon [4], sont, eux, des démocrates libéraux convaincus, souvent cultivés, des anticléricaux rationnels décidés à défendre vigoureusement la liberté de conscience contre les laïcistes fanatiques.

Gambetta, mort en décembre 1882, Ferry devient le leader des deux groupes. Après sa propre mort (1889), ce sont encore des ferrystes qui dirigent les gouvernements de la décennie 1890 (Jules Méline [5], Alexandre Ribot [6], Charles Dupuy [7]) ; c’est à ce moment que le groupe reçoit la dénomination nouvelle de « progressistes ». En 1889, au moment où l’ancien gambettiste Waldeck-Rousseau fait alliance avec les radicaux, le clivage entre gambettistes et ferrystes reprend vigueur. Avec Eugène Motte, ces derniers créent la tendance qui deviendra, en 1903, la Fédération républicaine, tandis que Waldeck-Rousseau et les anciens gambettistes créent l’Alliance démocratique.

Malgré cette division tactique, les deux groupes sont incontestablement des républicains selon « 1789 ».

Il en est de même des ex-orléanistes. Jacques Piou [8] fonde en 1885 un groupe parlementaire, la « Droite constitutionnelle », composée de députés qui acceptent la République et la jugent définitive, gage d’union et d’unité.

Les protestants ex-monarchistes ou ex-bonapartistes agissent de même. Edgar Raoul-Duval fonde un parti intitulé « Droite républicaine ».
Léon XIII, pape depuis 1878, enfonce le clou en précisant que la doctrine chrétienne n’est attachée à aucune forme particulière de régime ; il y a eu, et il y a, de nombreuses républiques chrétiennes, tant catholiques que protestantes (Venise, Florence, Gênes, Genève, les Etats-Unis, …), et l’Eglise n’a pas conséquent pas à entretenir de conflit en France avec la République [9]. Le cardinal Lavigerie ajoute qu’en jouant le jeu de la nouvelle constitution les catholiques, qui sont nombreux et auxquels on peut penser que le suffrage universel donnera des élus en nombre important, pourront peser sur la législation et faire rapporter ou amender les lois les plus antireligieuses. Même Albert de Mun rejoint ce qui deviendra en 1901 un parti politique, l’Action libérale populaire (ALP). Piou ne reproche pas à ses adversaires d’être républicains, il leur reproche au contraire d’être de faux républicains, des continuateurs des terroristes et des tyrans. Il réclame à cor et à cri une Cour suprême permettant, comme dans la République américaine, de protéger les libertés contre les empiètements d’un régime d’assemblée.

Les républicains modérés sont sur la même longueur d’onde, y compris les libéraux de la franc-maçonnerie, tels Yves Guyot ou Hippolyte Rigault [10].
La logique aurait donc voulu que catholiques ralliés et républicains modérés se rapprochent. Mais ces projets seront compromis par l’Affaire Dreyfus qui rejettera les uns dans le Bloc des gauches, les autres dans l’Anti-bloc. A partir de cette date et pour des décennies, la démocratie libérale française restera scindée en deux.

Entre les deux guerres

Le Parti radical lui-même, comme (semble-t-il) la franc-maçonnerie dont il émane, est partagé entre les idéaux de « 1789 » et « 1793 ». Les hommes de « 1793 », contrairement à la reconstruction a posteriori de l’historiographie, n’ont dominé le gouvernement de la France que lors de brefs épisodes sans lendemains, Bloc des gauches, les deux Cartels [11], le Front populaire. Plusieurs événements décisifs contribuent en effet à détourner les Français des tentations extrêmes.

D’abord, la Grande Guerre a imposé l’ « Union sacrée », ce qui a mis un terme quasi définitif aux persécutions antichrétiennes. C’est l’époque où Barrès écrit Les Diverses familles spirituelles de la France. Même les radicaux mettent la pédale douce sur leur anticléricalisme.
Il y aura aussi, dès la fin de la guerre, le repoussoir de la Révolution bolchevique. Il déniaisera et « déradicalisera » les radicaux [12].

Des influences de type « 1789 » s’exercent ensuite lors du Bloc national [13], puis sous les gouvernements Poincaré et les autres gouvernements modérés des années 1920 et 1930.

Il y a d’abord les successeurs des ferrystes-grévistes, les « progressistes », réunis maintenant dans la Fédération républicaine. En 1919, leurs rangs se grossissent de nombreux catholiques issus de l’Action libérale populaire de Piou, au sein de l’Entente républicaine démocratique (ERD).

Les autres partisans de « 1789 », ceux qui ont choisi de suivre Waldeck-Rousseau et de participer au Bloc des gauches, se sont organisés dans l’ARD. C’est le parti des grands dirigeants de centre droit – Poincaré, Barthou, Tardieu, Flandin. Le slogan du parti, « ni réaction, ni révolution », marque son anti-collectivisme assumé. L’Alliance s’est même délibérément constituée en réaction à la création du Parti radical-socialiste, parce qu’elle est antisocialiste sur le plan économique et antilaïciste sur le plan idéologique.

Après la Première Guerre mondiale, l’ARD est présidée par Auguste Jonnart. Elle change deux fois de nom, devient le Parti républicain démocrate (PRD) puis le Parti républicain démocrate et social (PRDS). Les anciens sont rejoints par une nouvelle génération (Maginot, Lebrun, Reynaud, Petsche).

Face à eux, il y a le grand Parti radical. Et celui-ci n’est pas hostile à « 1789 ». Il est certes attaché à une certaine extension du secteur public. Mais aussi à la méritocratie républicaine, par définition anti-égalitariste. Il défend donc une politique nullement socialiste, mais social-démocrate, tendant vers l’Etat-providence, vaguement inspirée par le solidarisme de Léon Bourgeois. Cette politique implique une forte fiscalité, mais elle ne remet pas radicalement en cause les principes de la démocratie libérale selon « 1789 ». Elle ne le pourrait d’ailleurs pas, car son électorat est constitué de classes moyennes, et plus précisément de classes moyennes indépendantes, avec une forte composante de self-made men. Comme l’écrit Albert Thibaudet en 1926, les radicaux ont été empêchés par leurs électeurs de mettre en œuvre des programmes trop socialisants. Ceux-ci sont attachés à la propriété privée ; ce à quoi ils sont hostiles, c’est aux « gros ». Ils refusent les « réformes de structure », c’est-à-dire la vague de nationalisations proposées par les socialistes lors du Front populaire. C’est ensuite le radical Daladier qui met brutalement fin aux réformes du Front populaire, chassant les socialistes du gouvernement et prenant avec lui des hommes du centre et même de la droite, Champetier de Ribes [14], Paul Reynaud, Jacques Rueff.

Parmi les républicains, il faut aussi citer les partisans de la démocratie chrétienne. Il y a eu un catholicisme libéral dans la période 1830-1848 (Lamennais, Lacordaire, Montalembert, relayés en 1848 par l’abbé Maret et Ozanam [15]). Frédéric Le Play [16], Albert de Mun et René de La Tour du Pin [17] fondent des cercles catholiques d’ouvriers. Leurs travaux, réalisés dans un esprit conservateur, inspireront la Doctrine sociale de l’Eglise de Léon XIII [18]. Les mêmes se rallient, à la demande du pape, à la République.

En parallèle, d’autres catholiques, comme l’abbé Lemire, ont également adhéré à la République. A partir de 1892-1893, leur mouvement demande la « coopération », la participation des salariés aux bénéfices, la « solidarité ». Ils acceptent les principes de « 1789 », la souveraineté du peuple, les libres élections. Ils inspirent le Sillon de Marc Sangnier.

Après la réintégration dans la République de l’Alsace et de la Moselle, en 1918, toute une génération d’hommes qui ont eu l’expérience d’un parti catholique est le noyau d’une nouvelle formation démocrate-chrétienne. En 1924 naît ainsi le Parti démocrate populaire (PDP), présidé par le Dr Thibout, puis par Auguste Champetier de Ribes. Il est aidé par la condamnation pontificale de l’Action française en 1926. Aux élections de 1928, le nouveau parti aura une vingtaine d’élus (dont l’abbé Desgranges, ou encore Robert Schuman).

Tout au long de la IVe puis de la Ve République, ce mouvement perdurera, sous les avatars successifs du Mouvement républicain populaire (MRP), du Centre des démocrates sociaux (CDS), fondu ensuite dans l’UDF puis l’UMP. Tous ces gens sont d’excellents républicains, qui ne sacralisent pas l’Etat, défendent la famille, les libertés religieuses, les écoles libres, les autonomies locales et régionales, les associations. Ils ne sont pas seulement antitotalitaires, ils sont aussi antijacobins.

Par ailleurs, l’historiographie de gauche essaie parfois de présenter comme de mauvais républicains, voire comme des antirépublicains décidés, des hommes politiques des années 1930 qui ont proposé de réformer la République parlementaire. Voyons ce qu’il en est réellement.

- Alexandre Millerand avait tenté de rompre avec la tradition du 16 Mai, selon laquelle le Président ne doit exercer aucun des rôles politiques que lui reconnaissent formellement les lois constitutionnelles, et surtout pas dissoudre la Chambre.

- Gaston Doumergue avait proposé d’étendre le droit de dissolution et de limiter l’initiative parlementaire en matière de dépenses.

- André Tardieu, dans L’Heure de la décision, lance en 1934 un cri d’alarme, immédiatement suivi de La Réforme de l’Etat. Puis il jette carrément l’éponge et abandonne la vie politique. L’esprit général des réformes proposées par Tardieu est libéral. Il s’agit de limiter les pouvoirs de l’Etat et la ponction économique que la fonction publique opère sur la société civile. Quand une nouvelle majorité arrive au pouvoir, les spoliations pèsent sur d’autres catégories sociales, sans remise en cause des spoliations antérieures. Plus encore, comme l’écrit Tardieu, « Il faut choisir en fonction du but que l’on désire atteindre. Ce but, Herbert Spencer l’avait prophétiquement discerné, il y a bien des années, quand il écrivait : « la fonction du libéralisme dans le passé a été de mettre une limite au pouvoir des rois. La fonction du libéralisme dans l’avenir sera de limiter le pouvoir des parlements » » (La Réforme de l’Etat, p. 109).

La IVe République

Au lendemain de la guerre, le MRP incarne ce courant démocrate chrétien. Il a certes dû faire des concessions aux idées socialistes alors prépondérantes, mais il reste un parti modéré, chrétien, personnaliste, anticommuniste.

Il y a une autre famille de partis politiques directement ou indirectement issus des partis de la droite républicaine d’avant guerre : les indépendants. Le Parti paysan de Paul Antier [19] ; l’Entente républicaine de Joseph Denais [20] ; le Parti républicain de la liberté (PRL) de Joseph Laignel [21] et Michel Clemenceau [22] ; la Fédération républicaine, désormais dirigée par Louis Marin ; le Centre national des Indépendants (CNI) créé en janvier 1949, avec pour fondateurs Roger Duchet [23], Jean Boivin-Champeaux et René Coty ; plus tard le CNIP, le mouvement des républicains indépendants de Valéry Giscard d’Estaing et Démocratie libérale d’Alain Madelin incarnent ce courant, globalement libéral. Ce parti critique entre autres l’adjonction, dans le Préambule de la Constitution, aux droits de l’Homme de 1789, des droits économiques et sociaux. La « Troisième force » qu’ils constituent avec la « conjonction des centres » tombera sur la question de la Communauté européenne de défense (CED), refusée en 1954 à la fois par les communistes et les gaullistes.

Antoine Pinay, Joseph Laignel deviennent présidents du Conseil dans les années 1952-1953, et mènent une politique libérale, orléaniste dans l’esprit.

Néanmoins, la conjonction des centres a été tentée plusieurs fois, sans jamais avoir réussi à se pérenniser. Pourquoi la place que les familles républicaines démocrates libérales ont occupé dans la vie politique de notre pays a-t-elle été si instable ?

Une déficience idéologique de la démocratie libérale ?

Face à une gauche qui a depuis 1793 une mystique – un millénarisme – et depuis le début du XXe siècle une doctrine construite, le marxisme, face à une droite traditionnaliste qui a elle aussi une mystique, les démocrates libéraux ont eu des difficultés à proposer un idéal.

Certes, les doctrines démocrates-libérales ont dominé au début de la Révolution, rayonné ensuite jusque tard dans le XIXe siècle. Cependant, il est de fait que la tradition libérale perd ensuite une grande part de son attractivité. La crise de 1929 paraît, aux yeux de nombreux intellectuels, sonner le glas de l’économie libérale [24]. Les intellectuels mêmes qui sont assez intelligents et informés pour comprendre les dangers et les horreurs des régimes totalitaires, ne se rallient pas pour autant avec netteté à l’idéal « 1789 » [25]. Les anticonformistes des années 1930 considèrent que le monde de ces années vit une terrible régression civilisationnelle. Ils renvoient dos à dos le capitalisme et le marxisme, qu’ils considèrent tous deux comme des matérialismes conduisant au règne de la machine et à la déshumanisation de la société. Ils entendent donc promouvoir une société où la personne humaine et les valeurs spirituelles seront remises au premier plan. Or il est évident, à leurs yeux, que la République démocrate libérale est incapable de produire une telle société. Ils refusent, certes, le révolutionnarisme de l’extrême gauche comme celui de l’extrême droite ; mais ils ne reconnaissent de valeur ni spirituelle ni morale à la République modérée qui a fait accomplir au pays tant de progrès scientifiques, économiques et sociaux.

Sous l’effet des traitements de choc que constituent la Deuxième Guerre mondiale puis la Guerre froide, l’Europe se réveille bientôt de la fascination pour les régimes antilibéraux. Toute une génération reprend alors la réflexion sur le modus operandi de l’économie de marché, sur le rôle essentiel que jouent la propriété privée et la liberté des contrats pour permettre une coopération sociale pacifique et efficiente, sur le caractère essentiel à cet égard du droit formel, sur le bien-fondé de la démocratie politique pluraliste, et enfin sur le rôle des libertés intellectuelles. Parmi beaucoup d’autres, il faut citer Michael Polanyi, Ludwig von Mises, Friedrich Hayek, Karl Popper, Walter Eucken, Karl Boehm, Hannah Arendt, Piero Gobetti, Luigi Einaudi, Bruno Leoni, Luigi Sturzo, Alexandre Zinoviev, Ayn Rand… On reconnaît enfin que les sociétés modernes complexes ne peuvent être gérées que dans le cadre d’ordres sociaux polycentriques, c’est-à-dire démocrates libéraux. Ces auteurs ont repris à la gauche la magistrature morale. Ce qui ne rend que plus étranges, par contraste, les difficultés que rencontre cette philosophie politique pour se faire entendre en France.


- Philippe Nemo, Les Deux R


[1William Waddington, né le 11 décembre 1826 à Saint-Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir), mort le 13 janvier 1894 à Paris, était un homme politique et archéologue français. Il a été président du Conseil du 4 février au 28 décembre 1879.

[2Jean-Baptiste Léon Say, né le 6 juin 1826 à Paris où il est mort le 21 avril 1896, est un économiste et homme politique français. Il est fils de Horace Émile Say (1794-1860), petit-fils de Jean-Baptiste Say (1767-1832) et petit-neveu de Louis Say (1774-1840), tous trois économistes de renom. Journaliste, il rédige de nombreux articles attaquant la gestion financière du Baron Haussmann dans le Journal des débats. Il se lance en politique en 1869, soutenu par les Cheuvreux dont il est proche parent. Il est élu à l’Académie des sciences morales et politiques en 1874 et à l’Académie française en 1886.

[3Agénor Bardoux, né à Bourges le 15 janvier 1829, mort le 23 novembre 1897 à Paris, est un homme politique français. Il était avocat à Clermont-Ferrand (plus tard bâtonnier de l’ordre des avocats de Clermont-Ferrand) et n’hésitait pas à professer sa foi républicaine. Il devint conseiller municipal de sa ville en 1869. En 1871, il fut élu député du Puy-de-Dôme à l’assemblée nationale, puis réélu en 1876 et 1877. À l’Assemblée, il était président du groupe centre gauche, ardent partisan de la République mais non anticlérical. Il devint ministre de l’Instruction publique en décembre 1877. Il démissionna en 1879 et ne fut pas réélu en 1881, mais fut nommé sénateur inamovible en décembre 1882. Il fut conseiller général du canton de Saint-Amant-Tallende de 1871 à 1895 et président du conseil général du Puy-de-Dôme de 1878 à 1883. Son fils Jacques Bardoux fut sénateur. L’un de ses arrière-petits-fils, Valéry Giscard d’ Estaing, fut lui-même député du Puy-de-Dôme, puis président de la République de 1974 à 1981.

[4François-Jules Suisse dit Jules Simon, né le 27 ou le 31 décembre 18141 à Lorient (Morbihan) et mort le 8 juin 1896 à Paris, était un philosophe et homme d’État français. Il collabora à la Revue des Deux Mondes, contribua à la fondation de la Liberté de penser (1847). Le 7 décembre 1851, quelques jours seulement après le coup d’État du 2 décembre instaurant le Second Empire, Jules Simon se rendit à son cours de la Sorbonne et prononça l’allocution suivante, devenue célèbre : « Messieurs, je vous fais ici un cours de morale. Je vous dois aujourd’hui non une leçon, mais un exemple. La France est convoquée demain dans ses comices pour blâmer ou approuver les événements qui viennent de se passer. N’y eût-il qu’un vote de blâme, je viens vous dire publiquement que ce sera le mien. »
Il fut révoqué le lendemain et privé, par suite, de sa conférence de l’École normale supérieure. Il se retira d’abord à Nantes où il employa ses loisirs à des recherches historiques. Puis, pour marquer son opposition à l’Empire, il publia Le Devoir (1854) qui eut un retentissement énorme. Bientôt suivirent : La Religion naturelle (1856) ; La Liberté de conscience (1857), La Liberté (1859), puis toute, une série de conférences éloquentes et fougueuses sur des questions de socialisme ou de philosophie. Après la guerre de 1870, il devient ministre de l’instruction publique du gouvernement provisoire. « Il n’y a pas d’école neutre, disait-il, parce qu’il n’y a pas d’instituteur qui n’ait une opinion religieuse ou philosophique ».

[5Félix Jules Méline, né le 20 mai 1838 à Remiremont (Vosges) et mort le 21 décembre 1925 à Paris, est un homme politique français de la droite modérée, président du Conseil de 1896 à 1898.

[6Alexandre Félix Joseph Ribot, né le 7 février 1842 à Saint-Omer (Pas-de-Calais) et mort le 13 janvier 1923 à Paris, est un magistrat, conseiller d’État et homme politique français.

[7Charles Dupuy (Charles-Alexandre Dupuy, dit Charles-Dupuy), né au Puy-en-Velay le 5 novembre 1851 et mort à Ille-sur-Têt le 23 juillet 1923, est un homme politique français qui occupa cinq fois la fonction de Président du Conseil.

[8Jacques Piou, né le 6 août 1838 à Angers (Maine-et-Loire) et mort le 12 mai 1932 à Paris, était un homme politique français. Avocat, député de la Haute-Garonne de 1885 à 1893 puis de 1898 à 1902, il est ensuite député de la Lozère de 1906 à 1919. Il joua un rôle déterminant dans le ralliement des catholiques à la république, sera le fondateur du premier parti politique, au sens moderne du terme, de centre-droit, et sera de 1898 à 1918 l’un des principaux leaders politiques catholiques français. La politique de Jacques Piou, qui cherchait à réconcilier, dans le respect des institutions républicaines, les catholiques avec la République et les républicains avec l’Église de France, fut vivement combattue sur sa droite par les royalistes, par l’Action française, en particulier de Charles Maurras et de Léon Daudet (qui surnommait ses troupes les « piou-piou »), et par les catholiques intransigeants que révulsaient son libéralisme et sur sa gauche la plus proche par les démocrates chrétiens qui la trouvaient trop conservatrice et par les républicains modérés qui la trouvaient trop marquée par le catholicisme. Il trouva ses concours les plus efficaces chez les catholiques sociaux et les catholiques libéraux, frères ennemis qu’il réussit à faire vivre ensemble dans son parti, ce qui était déjà un exploit ! Et s’il ne parvint jamais à coaliser, comme il l’avait rêvé, toutes les forces du centre-droit, il n’en fut pas moins jusqu’en 1914 la personnalité politique de droite la plus influente au Parlement.

[9Au grand dam des monarchistes, il est l’initiateur du ralliement des catholiques Français à la IIIe République, marqué par l’encyclique Au milieu des sollicitudes et le toast, prononcé à sa demande, à Alger , par le cardinal Lavigerie le 12 novembre 1890. Ce geste scandalisa nombre de catholiques et, par exemple, dans les manoirs de Vendée, on priait pour la conversion du pape ; certains allèrent même jusqu’à soutenir qu’au véritable Léon XIII on avait substitué un sosie ; Les Caves du Vatican (roman d’André Gide) contiennent une allusion à cette fable qu’on a répétée avec Paul VI. La comtesse de Pange raconte que son père, le duc de Broglie, avait coutume d’inviter à déjeuner une ou deux fois par an les curés du voisinage ; l’un d’eux, un peu échauffé par le vin de champagne dont il n’avait pas l’habitude, n’hésita pas à lancer au dessert un : « Et quand je pense à ce monstre de pape ! », qu’il refusa de retirer.

[10Hippolyte Rigault (1821-1858) est un écrivain français. Ancien élève de l’École normale supérieure, professeur de rhétorique au lycée Louis-le-Grand et suppléant au Collège de France à la chaire d’éloquence latine. Précepteur de 1847 à 1848 du comte d’Eu, fils de Louis d’Orléans, duc de Nemours. Il collabora notamment comme critique littéraire à la Revue de l’instruction publique où, vers la même époque, écrivaient Prévost-Paradol, Hippolyte Taine, Edmond About, Elme-Marie Caro, J.-J. Weiss, et Alfred Assollant. En 1853, Antoine-Isaac Silvestre de Sacy appelait le jeune professeur au Journal des débats qui était alors, au regard du gouvernement, une feuille subversive. Gustave Rouland, ministre de l’Instruction publique, mit le jeune maître en demeure d’opter entre sa chaire au Collège de France et son journal. Hippolyte Rigault était trop fier pour reculer : il choisit le journal.

[11Après le Cartel des gauches proprement dit (1924-1926), il y a eu en 1932 un gouvernement centré à gauche, parfois appelé « Second cartel ».

[12Dans Les Hommes de bonne volonté, Jules Romains narre le voyage en URSS de Jallez, Jerphanion, Bouitton et Bartlett, voyage qui leur dessille les yeux à tous quatre. Cf. Le Monde est ton aventure, Robert Laffont, coll. « Bouquins », t. 3, 2003.

[13Le Bloc national est une coalition rassemblant la droite et le centre en France, au pouvoir de 1919 à 1924.

[14Auguste Champetier de Ribes est un homme politique français, né le 30 juillet 1882 à Antony (Hauts-de-Seine), décédé à Paris le 6 mars 1947. Il fut ministre sous la IIIe République et président du Conseil de la République. Juriste, il fut un adepte du christianisme social et un disciple d’Albert de Mun. Il fut blessé pendant la Première Guerre mondiale, puis élu au titre du Parti démocrate populaire député des Basses-Pyrénées de 1924 à 1934. Il fut ensuite sénateur, de 1934 à 1940. Président du Parti démocrate populaire à partir de 1929, il fut sous-secrétaire d’État aux Finances du 3 novembre 1928 au 21 février 1930, puis ministre des Pensions du 2 mars au 13 décembre 1930 dans le ministère André Tardieu, ministre des Anciens combattants et pensionnés du 10 avril 1938 au 13 septembre 1939 dans le cabinet Édouard Daladier. Il fut ensuite sous-secrétaire d’État du 13 septembre 1939 au 10 mai 1940 dans les gouvernements Daladier et Paul Reynaud.
Il refusa de voter les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940. Il se retira dans son département, où il dirigea le mouvement Combat. Premier leader de parti à reconnaître l’autorité du général de Gaulle en qualité de chef de la France libre, il fut membre de l’Assemblée consultative provisoire à la Libération. De Gaulle le nomma délégué du GPRF auprès du Tribunal militaire de Nuremberg. À son retour, il devint président du Conseil de la République le 27 décembre 1946 au bénéficie de l’âge, car, comme son concurrent communiste Georges Marrane, il obtint 129 voix. Deux jours plus tard, il fut le candidat du MRP à la présidence de la République contre le socialiste Vincent Auriol. La maladie l’empêcha d’assumer sa fonction de président de la Haute Assemblée.

[15Antoine-Frédéric Ozanam (Milan, 23 avril 1813 – Marseille, 8 septembre 1853), historien et essayiste catholique français, professeur d’histoire de la littérature étrangère à la Sorbonne, fondateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul qui a été béatifié par le pape Jean-Paul II le 22 août 1997.

[16Frédéric Le Play (Pierre-Guillaume-Frédéric) est né à La Rivière-Saint-Sauveur (Calvados) le 11 avril 1806 et mort à Paris le 5 avril 1882. Le Play était un polytechnicien (Promotion X, 1825), ingénieur du corps des mines et sociologue paternaliste français se revendiquant de la tradition contre-révolutionnaire. Il est l’auteur d’une enquête demeurée célèbre sur les « ouvriers européens » (1855) ; il est également le fondateur de la Société internationale des études pratiques d’économie sociale et de l’Union de la paix sociale.

[17François René de la Tour du Pin Chambly, marquis de la Charce, est un officier et homme politique français, inspirateur en France du catholicisme social, né le 1er avril 1834 à Arrancy (Aisne), non loin de Laon en Picardie, et décédé le 4 décembre 1924 à Lausanne, en Suisse. En septembre 1871, de la Commune, alors qu’il est encore capitaine aide de camp du gouverneur militaire de Paris, il s’engage, à la demande de Maurice Maignen, fondateur en 1845 des Frères de Saint Vincent de Paul dans l’ « Œuvre des cercles catholiques d’ouvriers » avec ses amis Albert de Mun et Félix de Roquefeuil. Son action est alors inspirée des travaux de Frédéric Le Play. C’est alors qu’il est touché par la situation des ouvriers. Ses écrits politiques sont marqués par cette situation. Plus encore que Lamennais, il est à la source du courant du catholicisme social en France.

[18Encyclique Rerum Novarum de 1891.

[19Ex-député de la Haute Loire qui a rejoint de Gaulle en Angleterre.

[20Biographe de Jacques Piou.

[21Futur président du Conseil.

[22Fils du Tigre.

[23Ancien sénateur radical.

[24Voir notamment l’analyse de Walter Lippmann dans La Cité libre (1937). Voir en ligne.

[25Lors du « Colloque Walter Lippman », organisé à Paris en août 1938, un bon tiers des présents ne se dit pas « libéral ». Cf. Serge Audier, Le Colloque Lippmann, aux origines du néo-libéralisme, Le Bord de l’eau, 2008, et la critique de Copeau. Voir en ligne.

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