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Frère du principal architecte du miracle chilien

Sebastián Piñera remporte l’élection présidentielle chilienne

lundi 18 janvier 2010

Aujourd’hui, l’économie chilienne est celle d’un pays développé et il est facile d’en résumer les causes : en 1975, le Chili occupait le 71e rang sur 72 dans le classement des libertés économiques réalisé par les instituts Cato et Fraser, dans le dernier rapport, le Chili était devenu le cinquième pays le plus libre économiquement au monde.

Après vingt ans d’hégémonie de la gauche, l’homme d’affaires Sebastián Piñera Echenique est donc devenu le premier président chilien issu de la droite élu démocratiquement depuis Jorge Alessandri Rodríguez, en 1958. C’est une nouvelle importante : au milieu du chaos et de la décomposition qui frappent un grand nombre de pays latino-américains depuis Cuba jusqu’à l’Argentine en passant par le Venezuela, l’Équateur ou la Bolivie, le système politique chilien a montré qu’il était capable de digérer les transitions et d’éviter le cercle vicieux du populisme ainsi que la dangereuse démagogie socialiste. Le Chili vient de donner la preuve qu’il était non seulement devenu pleinement un pays membre du « Premier monde » en intégrant officiellement lundi dernier l’OCDE, mais également une des sociétés aux meilleures perspectives d’avenir.

Cette réussite est celle du « modèle chilien », qui incarne l’échec du socialisme et le succès de la liberté. Ce modèle qui permit de sauver le Chili du désastre économique créé par le gouvernement socialiste d’Allende. Modèle qui, d’ailleurs, failli ne jamais voir le jour : après l’avoir renversé, la junte militaire poursuivant, en effet, une politique économique tout aussi étatique que celle d’Allende. Ce n’est que lorsque l’économie – et le régime militaire – se trouva au bord du gouffre, que la junte fit appel à des techniciens, les « Chicago boys ». Des jeunes gens qui avaient beaucoup d’idées mais une seule aspiration : libéraliser l’économie. Dans un premier temps, suspendre le contrôle des prix et des taux d’intérêts, réduire les dépenses publiques, éliminer le déficit et libérer partiellement le commerce international. Ensuite rendre la Banque centrale indépendante, réduire le nombre d’entreprises publiques de 300 à 24, éliminer une grande partie de la réglementation du marché du travail. Enfin, en 2003, ouvrir de manière décidée le Chili à la mondialisation avec un droit de douane unique pour tous les produits et tous les pays de 6%, taux qui sera encore réduit au cours de 20 accords commerciaux avec 56 pays. Mais la grande réforme aura été celle menée en 1980 par José Piñera, frère du nouveau président chilien, concernant les pensions. En organisant la transition du régime de retraite par répartition à la retraite par capitalisation, José Piñera remplacera un impôt sur le travail par une épargne qui accumule le capital, le principal facteur du développement économique avec la division du travail. Alors que le système de retraite par répartition – hélas le plus répandu dans le monde – décourage le travail et favorise la consommation, le modèle chilien de retraite par capitalisation – qui s’exporte dans chaque fois plus de pays, jusqu’à la Suède même ! – libère le travail de cette charge, favorise l’épargne et la croissance, transforme les travailleurs en capitalistes et leur permet de bénéficier pleinement d’une société libre.

Depuis le départ de Pinochet et le retour de la démocratie, personne n’a remis en question ce modèle qui aura permis une croissance économique forte et soutenue pendant près de trente ans et permis de passer d’un PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat de moins de 3.000 dollars à près de 15.000. Ni les présidents démocrates-chrétiens
Aylwin ou Frei, qui vient de rater un deuxième mandat présidentiel, ni les socialistes Lagos et Bachelet n’ont osé remplacer ce système économique qui aura créé une large classe moyenne sur laquelle faire reposer la transition démocratique et qui aura fait reculer le nombre de pauvres à 16% de la population. Ils l’améliorèrent seulement, ou le dégradèrent, selon le point de vue que l’on adopte, mais n’en changèrent pas. Aujourd’hui, l’économie chilienne est celle d’un pays développé et il est facile d’en résumer les causes : en 1975, le Chili occupait le 71e rang sur 72 dans le classement des libertés économiques réalisé par les instituts Cato et Fraser, dans le dernier rapport, le Chili était devenu le cinquième pays le plus libre économiquement au monde.

Il est donc raisonnable de supposer que l’accession à la présidence chilienne du libéral conservateur Piñera signifiera une plus grande libéralisation de l’économie ou, à tout le moins, un retour sur certaines réformes des présidents socialistes précédents, Lagos et Bachelet, qui risquent de plomber le système comme, par exemple, une réforme du droit du travail qui donne plus de poids aux syndicats dans les négociations collectives, une loi sur l’éducation qui augmente le pouvoir de l’État sur les centres scolaires privés ou la création d’un système de sécurité sociale publique parallèle au privé qui menace d’avaler ce dernier. Piñera et son parti ont été très clairs dans leur volonté de défendre la liberté d’éducation comme droit fondamental des parents, la propriété privée et la libre entreprise comme bases de la création de richesse ou dans leur rejet de toute croissance de l’État vue comme un obstacle au développement de la société. « La doctrine de Marx et d’Engels est essentiellement totalitaire. Il n’y a pas de compatibilité possible entre être marxiste et être démocrate. En définitive, il n’existe pas de conciliation possible entre le marxisme et la liberté. » Difficile d’être plus explicite.

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