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Les français favorables à la réquisition des logements vacants

lundi 8 février 2010

Selon un sondage du journal communiste L’Humanité, les français sont majoritairement favorables aux réquisitions de logements vacants. 69% des sondés s’y déclarent ainsi favorables « car cela permettrait de loger des personnes qui sont actuellement mal logées ». Il faut dire que la question posée l’était de façon singulièrement orientée : si l’on souhaite améliorer la situation des mal logés, on ne peut qu’être en faveur des expropriations dans ce sondage. Une position qui est à l’exact opposé de la réalité pourtant, comme on le verra dans cet article.

S’il en était besoin, ce sondage montre en outre que la remise en cause du droit de propriété dépasse les clivages politiques : 80% des répondants sont favorables aux réquisitions chez les sympathisants de gauche et 69% au Modem. A l’UMP, les opposants sont majoritaires d’extrême justesse : 50% y sont plutôt opposés et 49% plutôt favorables. Le droit de propriété, pourtant affirmé dans la déclaration des droits de l’homme de 1789, est bien mis à mal en France.

Pourtant, sur ce point comme sur de nombreux autres, sondage ne vaut pas vérité. Ni sur le jugement des français, ni sur la justesse de leur position. En effet, le soutien des français doit beaucoup aux illusions qu’ils se font sur les logements vacants .

Le faux problème des logements vacants

Ainsi, il n’y a jamais eu aussi peu de logements vacants en France qu’aujourd’hui. Comme le notait l’Insee dans un rapport de 2003, c’est « la proportion de logements vacants la plus faible depuis 30 ans ». Depuis, le nombre n’a cessé de baisser même en valeur absolue selon les derniers chiffres de l’Insee pour 2009.

Les raisons pour lesquelles un logement est vacant sont en outre bien éloignées des lieux communs sur les spéculateurs qui attendent une hausse de l’immobilier (Cliquer sur l’image pour agrandir) :

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Pour les logements qui restent vacants sur une longue période, ils se trouvent très majoritairement dans des zones rurales très isolées, comme le montre la carte suivante :

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Le problème n’est donc pas celui des logements vacants, qui ont un niveau plancher quasi impossible à réduire nettement. Le vrai problème, c’est l’offre de logement, qui est réduite en France par des restrictions de toute sorte :
- entraves à la construction : permis de construire, réglementations toujours plus contraignantes et en évolution permanente. Aux États-Unis, la pénurie induite par les permis de construire représente un surcout estimé à 275 milliards $ en 2005 par Ed. Glaeser et J.Gyourko, de Harvard, ou Randall O’Toole, du Thoreau Institute. En France, cela représentait 45 milliards € en 2005, soit le tiers du prix moyen d’un logement.
- Surprotection des locataires, qui détourne l’investissement des propriétaires de l’immobilier : comme le note l’économiste Etienne Wasmer, meilleur jeune économiste de France : « Tout ceci n’est ni de gauche, ni de droite, juste le simple bon sens qui fait comprendre que le goût immodéré de notre pays pour les textes de lois abscons, léonins et semés d’embûches (l’expression " à peine de nullité " est celle qu’on y rencontre le plus souvent) rend la vie pénible à tous les gens de bonne foi, locataires comme propriétaires, et favorise paradoxalement procéduriers et grands propriétaires fonciers, dans une situation en passe de devenir explosive. »

S’opposer aux réquisitions pour améliorer la situation des mal-logés

En outre, on doit être hostile aux réquisitions de logement pour le bien des personnes mal-logées. Les réquisitions ne peuvent que détériorer la situation des mal logés, comme la crise du logement actuelle le montre. En effet, le respect du droit de propriété est la meilleure incitation pour les propriétaires et investisseurs à construire plus. Savoir que l’on peut attendre une stabilité de son placement, que l’on n’a pas à craindre pour son bien.

A l’inverse, réquisitionner des logements dont, on l’a vu plus haut, ils étaient quasi systématiquement vacants pour une bonne raison, c’est dissuader les propriétaires de construire de nouveaux logements, réduire l’offre et donc pénaliser les plus faibles.

A se focaliser sur de faux problèmes, on ne résoud rien, alors que la situation des mal-logés est dramatique et exige des actions radicales, à l’opposé des cache misère employés ces dernières décénnies. Alors qu’un état sur la paille n’a pas les moyens de construire des logements sociaux, il faut libérer de façon massive la construction de nouveaux logements par le secteur privé.

Sur les thématiques liées au logement, on lira avec profil les articles de Vincent Bénard sur son blog, Objectif Liberté.

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