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Dette publique : Les nouvelles inquiétantes du front grec

mardi 16 février 2010

Voilà qui renforcera dans leurs positions ceux qui estiment que le soutien de l’Europe à la Grèce dans la crise financière que le pays traverse après des années de déficit croissants est au mieux inutile, au pire néfaste : le ministre grec des finances, George Papaconstantinou, s’est opposé à de nécéssaires nouvelles mesures d’économies pour réduire le déficit public qui dépasse allègrement les 10% du PIB national (12,7% en 2009, pour une dette bien au delà des 100% du PIB). Préférant la voie de la démagogie, il a préféré blâmer les "spéculateurs" et demander un soutien plus fort encore des Européens : « mon avis est que ce que empêchera les marchés d’attaquer la Grèce en ce moment serait un nouveau message plus explicite » de la part des Européens selon l’AFP.

Si les hommes politiques ont tout intérêt politiquement à désigner le bouc émissaire du spéculateur pour éviter de rappeller leur propre responsabilité, cette approche est fausse. Si les marchés envisagent le pire pour la Grèce, c’est parce que cette dernière a menti sur ses comptes, a masqué sa dette depuis plusieurs années et choisit les réformettes de facade au lieu des réformes de fond nécessaires. A l’inverse, des pays comme l’Irlande qui ont montré qu’ils s’engageaient dans le sauvetage des comptes publics ne suscitent pas une telle inquiétude des investisseurs. Comme le note Michel Aglietta, un économiste pourtant très marqué politiquement à gauche, « la dette irlandaise, par exemple, est plus importante que la dette grecque. Mais le gouvernement est parvenu à convaincre la population de la nécessité des mesures d’austérité. Ce consensus a abouti à ce que le spread irlandais soit plus faible que son homologue grec ».

Comme le souligne Aurélien Véron, le réel problème est que « aujourd’hui, personne ne respecte le contrat moral censé unir dans la stabilité les pays composant l’euro. [..] En tout cas, aider la Grèce aussi facilement envoie un message dangereux aux autres Etats membres de l’euro : tricher sur ses déficits et sa dette, repousser les réformes, ce comportement n’aboutit pas à une sanction mais au contraire au secours des autres pays dont les gouvernants jouent la solidarité avec l’argent de leurs contribuables déjà étranglés. La seule solution saine aurait consisté à proposer à la Grèce de sortir de l’euro ou de s’engager sur la voie de réformes bien plus dures : baisse massive des dépenses publiques et libéralisation accélérée de l’économie pour que ce pays ne figure pas au dernier rang des pays de l’OCDE en termes d’environnement des affaires. (selon la banque mondiale). Il ne s’agit pas d’égoïsme mais d’appel à la responsabilité de gouvernements qui ont fait n’importe quoi jusqu’ici. ».


Image : George Papaconstantinou ou Giorgos Papakonstantinou le 30 septembre 2009. Auteur : Pasok, image sous licence Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic

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