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La Commission Européenne publie une bande dessinée de propagande à 225 000 euros

mardi 2 mars 2010

La Commission Européenne a produit une bande dessinée d’autopromotion décrivant le travail humanitaire de deux fonctionnaires européens fictifs. Pour l’instant imprimée à 311 000 exemplaires, l’ouvrage intitulé « Face à l’urgence » va être gracieusement distribué aux enfants dans les écoles et les foyers européens pour un coût de 225 000 euros payable par le contribuable européen.

Une fiction… au coût bien réel pour le contribuable européen

Généralement peints comme des bureaucrates sans visage passant leurs journées à délibérer sur la courbure réglementaire des bananes ou la quantité de lumière que devraient produire les ampoules électriques, les fonctionnaires de la Commission Européenne semblent tenir là leur revanche : la luxueuse bande dessinée les décrit en effet comme des héros infatigables bataillant à sauver le monde.

Cette bande dessinée est une fiction qui illustre la manière dont le Service d’aide humanitaire (appelé ECHO) de la Commission Européenne répond aux crises humanitaires. Son auteur est un artiste de bande dessinée belge, Erik Bongers. Cette sorte de mélange contre-nature entre Tintin et Les Sentinelles de l’Air est disponible pour l’instant en anglais, français, allemand, néerlandais et italien. Onéreuse à produire, cette publication peut pourtant être commandée sans aucun frais pour le client et, que vous le vouliez ou non, ce sont encore les contribuables français et européens qui devront payer l’acheminement du colis jusqu’à son destinataire.

Les aventures picaresques de deux aventuriers-bureaucrates

Le lecteur peut suivre Zana et Max, les deux aventuriers-bureaucrates européens, beaux et courageux, dans leur quête de fonds d’urgence afin de venir en aide au Borduvie, un pays fictif venant d’être ravagé par un tremblement de terre. En règle générale, force est de constater que les dialogues ne rentreront certainement pas dans les annales de l’histoire de la bande dessinée. Ainsi peut-on y lire le morne échange suivant :

- Tesjang : « Y-a-t’il beaucoup de personnes de la Commission Européenne sur place ? »
- Zana : « Non, l’aide humanitaire est distribuée par l’intermédiaire d’organisations comme UNICEF ou Oxfam. Lorsque la Commission les finance, ils deviennent ce qu’on appelle nos partenaires d’exécution. »

Les péripéties de Zana l’entraînent dans un camp de rebelles locaux situé dans les montagnes fictives d’Urgi, où, à force de bonnes intentions et d’optimisme, elle parvient à convaincre le chef des terroristes de la nécessité d’accepter l’aide européenne, ce qui donne lieu à des dialogues particulièrement mièvres.

De retour à Bruxelles, Zana rédige son rapport et grâce au déblocage d’une nouvelle aide humanitaire, c’est l’eau potable, la nourriture, la paix et l’amour qui réapparaissent comme par magie en Borduvie.

Une réalité moins rose

Ces aventures fictives de représentants de la DG ECHO en Borduvie font contraste avec les ratés qu’a connu l’Union Européenne pour venir en aide à Haïti. Face à ces critiques, la porte-parole de la Commission Européenne a souligné que la boutique en ligne de l’institution était déjà inondée par les bons de commande et que plus de 30 000 exemplaires de la bande dessinée avaient été distribuées à ce jour.

Imprimée à 311 000 exemplaires (soit l’équivalent du tirage des premiers ouvrages des aventures de Harry Potter), cette bande dessinée a un coût unitaire de 75 centimes d’euros. Elle sera acheminée vers les établissements scolaires européens et est destinée à sensibiliser les adolescents aux activités de la Commission via un medium qu’ils apprécient. La porte-parole de la Commission nie le fait que ce roman graphique soit de la propagande et souligne plutôt qu’il est préférable que la Commission communique sur ces activités humanitaires.

La DG ECHO emploie 250 personnes au sein de son siège à Bruxelles et environ 100 agents de terrain. Elle gère un budget total de 800 millions d’euros d’aide humanitaire.

Un effort de propagande vers les électeurs de demain

Ses activités sont toutefois une goutte d’eau dans l’océan du budget communautaire et le choix opéré par la Commission de communiquer sur les activités de la DG ECHO plutôt que sur une autre DG n’est pas innocent.

On pourrait facilement critiquer la moralité d’une telle action de communication visant à légitimer l’Union Européenne vis-à-vis des électeurs futurs que sont les enfants européens. Ailleurs dans le monde comme auparavant au cours de l’Histoire, la propagande destinée aux enfants est une méthode bien connue de régimes corrompus et illégitimes.

En faisant cela, il semble que la Commission Européenne ait voulu s’acheter une popularité, mais, aux yeux de l’observateur extérieur et en pleine crise économique, elle apparait comme encore plus gaspilleuse et déconnectée de la réalité.


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