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Diversité : quid du marché ?

jeudi 18 mars 2010

L’une des causes les plus défendues, entre autres dans l’enseignement supérieur, est celle de la « diversité ». La diversité dans la main d’œuvre, dans le corps étudiant ou parmi nos dirigeants, dit-on, permettra de créer de meilleurs résultats pour tous les intéressés. Faire refléter la diversité de la population globale au sein de ces groupes est presque sans conteste un objectif primordial.

Il ne s’agit pas de le contester, ni de répondre à la question de savoir si la meilleure ou la seule mesure de la diversité est l’apparence physique (par opposition à la pensée par exemple). Au lieu de cela, on peut suggérer que si les partisans de la diversité la souhaitaient vraiment, ils devraient être beaucoup plus favorables au libre-marché qu’ils ne le sont généralement.

Non seulement les marchés dépendent de la diversité humaine déjà existante, mais en accomplissant ce qu’il faut bien appeler un miracle, ils mènent aussi à une plus grande diversité. Le premier de ces arguments est fondamental en économie. Les marchés reposent sur l’échange, et l’échange exige la propriété privée. Ce qui rend l’échange de notre propriété privée (y compris celle dont nous disposons sur notre travail) aussi productif, c’est que nous avons tous des compétences et des talents différents qui nous permettent de nous spécialiser dans la production de certaines choses, mais pas d’autres. C’est la diversité de ces compétences et talents qui alimente la productivité du marché.

Très tôt dans l’histoire de l’humanité, ceux qui étaient doués pour l’agriculture rendaient service à ceux qui étaient doués pour autre chose, grâce à la possibilité d’échanger. Le tisserand qui faisait des vêtements rendait service à la communauté de la même manière. Mais ces échanges mutuellement avantageux sont plus faciles dans un monde où la propriété privée est protégée et où une monnaie est utilisée. C’est ce processus que les économistes appellent la spécialisation par « avantage comparatif ». C’est juste une autre manière de dire « diversité ».

Plus profondément encore, les « avantages comparatifs » mettent en évidence que même la personne qui n’est pas aussi bonne que les autres pour quoi que ce soit peut encore trouver un domaine pour laquelle elle a comparativement un avantage (parce que les autres se sont déjà spécialisés là où ils excellent le plus), et contribuer ainsi à une augmentation de la richesse sociale. Le marché peut satisfaire non seulement différents types de compétences, mais aussi les différents niveaux de compétences. Sur un marché vraiment libre, toute personne qui produit quelque chose ayant de la valeur pour d’autres peut trouver sa place. Ludwig von Mises a élargi ce principe à toutes les formes de la coopération de l’homme en la nommant la « loi de l’association » : là où les gens se spécialisent dans la production et l’échange pour obtenir ce qu’ils veulent, ils vont créer des interdépendances entre eux qui sont des formes d’association et de coopération qui définissent ce qu’est une « société ». La spécialisation et l’échange ne nous isolent et ne nous divisent pas, ils nous permettent de tirer parti de notre diversité au profit de nous tous.

C’est avec beaucoup de piété que cette idée a été exprimée par le rabbin britannique Jonathan Sachs, qui écrit : « C’est à travers l’échange que la diversité devient une bénédiction, et pas une malédiction ». La diversité humaine est ce qui fait fonctionner l’échange en tant que processus créateur de richesses.

Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire. Les marchés ne se nourrissent pas simplement de la diversité préexistante ; ils sont également essentiels dans la création de davantage de diversité qu’il n’y en aurait autrement. Si l’on considère que la diversité couvre uniquement « l’origine » ou « l’ethnie », alors il est à noter que la richesse que le marché a rendue possible a permis aux êtres humains d’interagir, tant en personne que par voie électronique, avec une variété d’autres humains plus large que jamais. La diversité humaine à laquelle même les plus pauvres et les plus isolés géographiquement des Américains ont accès aujourd’hui est incomparable avec les petites bulles homogènes dans lesquelles vivaient leurs ancêtres il y a à peine deux générations. Les mariages et amitiés entre origines et ethnies différentes, sans parler des relations professionnelles, sont d’autant plus courants grâce au marché, qui a abaissé les coûts autrefois nécessaires pour rencontrer des personnes venant du monde entier.

Au fur et à mesure que les marchés créent plus de richesse, le travail est de plus en plus spécialisé : une autre manière par laquelle les marchés conduisent à une plus grande diversité dans d’autres dimensions. L’éventail des emplois offert aux hommes est beaucoup plus large qu’il y a une centaine d’années, créant non seulement plus de richesse, mais aussi plus de possibilités de rencontrer des gens qui sont fondamentalement « différents ». Pensez à tous les métiers qui existent aujourd’hui qui n’existaient pas il y a un siècle. Leur nombre est beaucoup plus grand que le nombre de métiers qui ont disparu pendant cette période. Une spécialisation accrue, bien sûr, signifie un recours accru à l’échange, qui nous rend à son tour de plus en plus interdépendants.

Si ceux qui préconisent une plus grande diversité sur le lieu de travail, à l’école, à l’université, ou dans la classe politique, le font parce qu’ils pensent que plus de diversité, plus d’interdépendance, et plus d’interactions avec ceux qui sont différents sont une bonne chose, ils devraient consacrer au moins autant d’attention à libérer les marchés de nombreuses politiques dirigistes étouffantes. Rien dans l’histoire de l’homme n’a plus fait pour diversifier l’humanité et magnifier les avantages de la diversité que le marché.


Voir en ligne : Diversit


Article repris avec l’aimable autorisation d’Emmanuel Martin, directeur d’un monde libre. Image : Poster antidiscrimination dans le m

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