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Une proto-dictature castriste, sous de fallacieuses apparences démocratiques

Chávez en grande difficulté

vendredi 26 mars 2010

En ce début de 21e siècle, certains pays continuent de commettre les mêmes erreurs économiques, basées sur les mêmes raisonnements erratiques que l’Amérique latine invoquait au milieu du siècle dernier. Et il est triste de constater que, selon toute vraisemblance, pour trouver une solution à tous ses problèmes le Venezuela doive préalablement passer par une aggravation de ceux-ci.

Le délabrement du gouvernement bolivarien continue de s’accentuer sous le poids de ses propres initiatives économiques, internationales et de politique interne, dans le cadre d’une gestion située complètement en marge du système démocratique : imposition du contrôle gouvernemental sur les pouvoirs législatif et judiciaire ainsi que sur les autres institutions normalement indépendantes, les médias et la vie quotidienne de la population, tandis que se multiplient les persécutions contre les opposants. Parmi ces derniers, le maire de Caracas, Antonio Ledezma – dont l’autorité et les compétences sont systématiquement bafouées par Chávez qui lui dénie ses attributions sur la police métropolitaine, les hôpitaux et les écoles publiques – ose encore faire face malgré avoir été menacé et agressé. Ledezma dénonce ainsi une proto-dictature castriste, sous de fallacieuses apparences démocratiques, accusant Chávez de gestion irrégulière et illégale du budget national et le tenant pour responsable du manque de ressources face à la crise énergétique.

Un autre dirigeant d’opposition, le social-chrétien Oswaldo Álvarez, vient d’être arrêté cette semaine pour le simple fait d’accuser le gouvernement chaviste de laisser le Venezuela devenir une plaque tournante du trafic de drogue. De même, dans une autre tentative de faire taire toute voix critique, Chávez a fait arrêter hier Guillermo Zuloaga, le président de Globovisíón, la dernière télévision d’opposition encore en activité au Venezuela, sous le motif de s’être montré « irrespectueux et offensant » lors de déclarations faites face à la Société Interaméricaine de Presse. Par ailleurs, le gouvernement bolivarien a été affecté par la démission de trois importants ministres – Santé, Défense et Environnement. Même si, officiellement, ces retraits obéissent à des « motifs personnels », ils mettent en évidence le malaise qui règne dans l’entourage du pouvoir. Malaise qui apparut encore plus explicite lorsque Chávez refusa de quitter le pays pour assister à la réunion extraordinaire de l’Unasur, à Quito, en février dernier.

Alors qu’au niveau international, durant de longs mois, n’ont cessé les incidents avec la Colombie, entretenant de dangereuses tensions entre les deux pays, au niveau économique, les contrôles de change font exploser le marché noir, découragent l’investissement et produisent pénurie et chômage. Le tout accompagné d’une gigantesque dépense fiscale a débouché sur une diminution de la production et une augmentation de l’inflation et du mécontentement social. Malgré les formidables ressources de la richesse pétrolière et les hauts prix du brut, ces dernières années, l’inflation a atteint 31,2% en 2008 et 25,1% en 2009, très loin au-dessus des moyennes latino-américaines (excepté l’Argentine). Le PIB a chuté de près de 3% et la production industrielle de plus de 7% en 2009. De plus, le pays est soumis est soumis à une grave crise énergétique – provoquée par le manque d’investissement systématique de l’État dans les secteurs nationalisés de l’énergie – qui a conduit Chávez à instaurer des coupures de courant de quatre heures tous les deux jours. Face à la colère de la population et aux conséquences désastreuses sur la production, ce dernier dût faire marche arrière et, en guise de bouc émissaire, destitua le Ministre de l’Énergie. Pour ensuite oser le ridicule absolu de faire venir depuis Cuba, comme « consultant en énergie », Ramiro Valdés, un des poids lourds de la dictature castriste plus à l’aise dans la répression politique que dans la gestion des kilowatts. Enfin, hier, poursuivant ses économies de bouts de chandelle, Chávez vient de déclarer toute la semaine prochaine (Semaine Sainte) fériée.

C’est ainsi, qu’en ce début de 21e siècle, certains pays continuent de commettre les mêmes erreurs économiques, basées sur les mêmes raisonnements erratiques que l’Amérique latine invoquait au milieu du siècle dernier. Chávez a perdu l’appui majoritaire dont il jouissait à ses débuts, mais il est triste de constater que, selon toute vraisemblance, pour trouver une solution à tous ses problèmes le Venezuela doive préalablement passer par une aggravation de ceux-ci.

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