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Le régime castriste bloque des actifs étrangers pour un montant de un milliard de dollars

"Corralito" cubain

vendredi 9 avril 2010

C’est le risque classique de ce genre de business : quand change le dictateur ou quand on perd sa faveur, on perd le privilège, sans recours efficace possible devant une quelconque institution juridique, propre des démocraties libérales et capitalistes.

Le « corralito » est le nom qui fut donné aux mesures économiques prises en Argentine le 1er décembre 2001, par le ministre de l’économie Domingo Cavallo dans le but de mettre fin à une course à la liquidité et à la fuite des capitaux. Il limitait les retraits d’effectifs à 250 pesos par semaine et interdisait tout envoi de fonds à l’extérieur. Cette mesure provoqua la panique, chacun tentant de retirer ses dépôts des banques et provoqua la chute du gouvernement de Fernando de la Rúa trois semaines plus tard. Actuellement, sous une autre forme, la dictature castriste semble vouloir réitérer la même erreur.

En effet, il apparaît que depuis un an de nombreux investisseurs étrangers n’ont pu retirer leurs fonds de Cuba. Ainsi, en Espagne, ce sont déjà 280 entreprises qui sont concernées, pour un montant total de 410 millions de dollars. Ou, dans l’autre hémisphère, ce sont les Affaires étrangères chiliennes qui s’émeuvent du gel des actifs d’entreprises chiliennes travaillant à Cuba. Le régime castriste bloqueraient ces actifs et ces fonds en échange d’une reconnaissance de dette envers les entreprises affectées, payables à cinq ans au taux d’intérêt de 2%. Il s’agit clairement d’une expropriation déguisée, prise sans consultation et sans certitude que l’argent sera réellement remboursé un jour puisque qu’aucun mécanisme institutionnel ne le garantit. On estime que l’argent confisqué par cette mesure arbitraire unilatérale atteindrait la somme d’un milliard de dollars.

Cette nouvelle rend compte des graves difficultés financières que traverse Cuba, conséquences de l’inefficacité propre des économies socialistes qui devient plus patente en temps de crise économique, comme celle qu’a vécu le monde à la fin de l’année 2008 et durant la plus grande partie de l’année 2009. En son temps, l’expérience socialiste cubaine avait été soutenue économiquement à bout de bras par le camp soviétique et en partie par des transferts d’argent de pays qui sympathisèrent avec sa révolution. Mais l’aide soviétique cessa au tout début des années ’90 et la sympathie fit place à remise en question face à l’absence de liberté et aux violations des droits de l’homme par la dictature castriste. Sauf exceptions, les subventions diminuèrent jusqu’à disparaître laissant le roi nu et un appareil de production lamentablement inefficace.

Le régime castriste a bien tenté de camoufler cette dure réalité en autorisant quelques expériences limitées de capitalisme qui permirent à l’économie de se maintenir à flot après la chute de l’Union soviétique et la perte du soutien du grand-frère idéologique. On connaît celles du secteur touristique, mais des projets capitalistes virent également le jour dans les secteurs agricole et de l’importation. Cependant l’incertitude politique et économique ont freiné ces expériences, ainsi que le blocage idéologique qui empêche de les étendre à d’autres domaines, en partie par crainte de voir une proportion grandissante de la population subvenir à ses propres besoins indépendamment de l’État et réclamer d’avantage de libertés politiques. Aujourd’hui l’interdiction imposée qui frappe les investissements étrangers va achever d’asphyxier l’initiative privée dans l’île du docteur Castro et, par ses effets économiques, accélèrera sans doute la décomposition de la dictature castriste.

Cet épisode montre clairement, une fois de plus, comment dans les régimes non démocratiques, sans réel État de droit, le sort des initiatives privées dépend de la volonté du dictateur. Dans ce cas d’espèce, nombre des entreprises privées qui souffrent des conséquences de ce « corralito » se développèrent sous l’impulsion et la protection initiale de Fidel Castro. Mais ce dernier – même s’il reste la figure centrale de la désastreuse expérience socialiste cubaine – a cessé de contrôler les affaires du gouvernement et aujourd’hui l’État est contrôlé par un autre groupe ayant à sa tête son frère Raúl, qui ne se sentent aucunement obligés envers les investisseurs, dont les bénéfices, clairement, étaient le fruit du caprice du dictateur de service. C’est le risque classique de ce genre de business : quand change le dictateur ou quand on perd sa faveur, on perd le privilège, sans recours efficace possible devant une quelconque institution juridique, propre des démocraties libérales et capitalistes. C’est ce fait même qui finit par condamner les citoyens d’une société socialiste à la pauvreté. Car ce n’est pas par hasard s’il n’a existé aucun pays qui, se fiant au manuel socialiste, ait atteint une prospérité durable au bénéfice de ses habitants. Dans le meilleur des cas, on n’obtenait qu’une fausse égalité assise sur une médiocrité économique couplée à une effrayante absence de liberté politique.

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